À propos d’un article sur « la nouvelle génération littéraire française » de M. Baudouin [sic] publié par Nosotros, le chroniqueur de la Revue hebdomadaire (3 mars) s’élève contre « l’idée fausse et parfois ridicule du mouvement littéraire en France » qu’on trouve dans de nombreuses revues étrangères. Les bolchevistes français de la littérature, dit-il, profitent de l’hospitalité qui leur est offerte dans ces revues pour y écrire des choses qu’ils n’oseraient peut-être pas publier dans des revues parisiennes, et ils trouvent partout des complices conscients ou non. M. Baudouin [sic], par exemple, va un peu trop loin dans l’art de bourrer le crâne aux étrangers quand, en tête des bons poètes, régénérateurs de la poésie française, il place Henri Guilbeaux. On sait, de celui-ci, en France, qu’il est un mauvais littérateur ; on sait surtout qu’il a été condamné à mort pour trahison. Personne à paris, pas même ses amis, n’oserait le traiter de grand poète. Mais cela passe à Buenos-Aires.
M. Baudoin [sic] traite un dadaïste de « pur poète » et d’« alchimiste verbal » ; il dit d’un autre que « ses étranges réalisations honorent magnifiquement notre époque », et il appelle Dada un « jeune dieu ». Or, on sait que le dadaïsme est une stupide mystification et que, l’an dernier, un de ses fondateurs avoua qu’il s’était moqué du public et déclara qu’il allait s’occuper d’autres choses. M. Baudoin [sic] n’en persévère pas moins à propager à l’étranger une mystification complètement dénuée d’esprit. Et il va jusqu’à écrire qu’« autour du jeune Dieu Dada se groupe toute une cour fervente et sympathique ».
Il est pénible de lire de pareilles choses dans Nosotros qui est une des meilleures revues de l’Amérique latine.
Marius André,
« La vie intellectuelle en France/ Revues et journaux français »,
Revue de l’Amérique latine (Paris),
2e année, vol. iv, n°16, avril 1923, p. 379.
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