29 mai 2014

Jouons un peu

Fort du nombre de ses non-lecteurs, jamais démenti et en hausse constante, le blog Bois Brésil & Cie. lance en toute inconscience ce grand jeu-concours :

Quel est le point commun
de ces trois ouvrages ?


(Les réponses, dûment justifiées et documentées, seront postées sous la forme de commentaire au présent message.)

21 mai 2014

La critique d'avant-hier soir

« Le sous-titre dont M. Paulo Prado accompagne son Portrait du Brésil nous donne la clef de son livre : c’est un essai sur la tristesse brésilienne. Cette tristesse est un fait : autochtones et voyageurs s’accordent à le reconnaître. […] Les pages que M. Paulo Prado consacre à [la conquête] sont si remarquables que nous ne pouvons qu’exprimer le profond regret qu’elles ne soient point accessibles au lecteur. En effet, l’ouvrage de M. Paulo Prado n’est pas traduit. Ne se trouvera-t-il pas quelque éditeur pour combler cette lacune ? […] son livre est un livre d’amour. C’est le livre d’un homme qui aime son pays et souffre de le voir encore “endormi dans son rêve colonial”, ne pressentant pas “le péril de rester en marge” de tout ce que peut apporter un état de choses nouveau qui, conclut l’auteur, permet tout au moins d’avoir “confiance en un futur qui ne peut être pire que le passé”. Et, à elle seule, cette mélancolie justifierait le titre de son livre. »

(Mathilde Pomès, « Les livres », La Renaissance de l’art français et des industries de luxe (Paris), vol. XIX, n°6, juin 1936, p. 50-51)

En préparation :
Paulo Prado
Portrait du Brésil
(Essai sur la tristesse brésilienne)
trad. du portugais, notes et présentation par A. Chareyre

Vien(nen)t de paraître

Brésilographies


C’est en un mois de mai (1500) que se trouvait conclue la découverte du Brésil, « par hasard », par la flotte de Pedro Álvares Cabral partie pour les Indes, une trouvaille qui se trouva attestée dans la lettre de Vaz de Caminha à Dom Manuel Ier, roi du Portugal. Première relation de voyage au Brésil, invention tout à la fois d’un pays et d’une littérature, et date fondatrice d’une grande tradition d’émerveillement comme de perplexité, sans cesse renouvelée — Oswald de Andrade, dans le Manifesto da Poesia Pau Brasil de 1924, n’entendait-il pas raviver cette « joie de l’ignorance qui découvre » ? retombant en enfance dans le poème « Le 3 mai » : « J’ai appris avec mon fils de dix ans/ Que la poésie est la découverte/ Des choses que je n’ai jamais vues »… Et c’est en un autre mois de mai (2014) que paraissent coup sur coup deux ouvrages qui viennent nous rappeler à quel point cette fabrique textuelle du Brésil fut aussi une grande affaire française, avec ses grandes heures et ses errements, depuis le mystérieux navigateur Binot Paulmier de Gonneville, parti à son tour pour les Indes et abordant lui aussi par accident, tiens donc, les côtes brésiliennes en 1504. Ensemble, ils témoignent de la richesse et de la permanence de cette « relation » privilégiée, cet imaginaire français du Brésil. D’un côté, les 1231 pages de l’anthologie conçue par le spécialiste de la question, Régis Tettamanzi, Le voyage au Brésil (Anthologie de voyageurs français et francophones du XVIe au XXe siècle), nous invitent, à travers une table des matières pléthorique et particulièrement concertée, à une exploration en tous sens, au gré d’itinéraires historique, géographique, thématique et culturel, bien au-delà des synthèses ou simplifications vulgarisatrices. On y retrouvera, à côté de certaines pages consacrées, maints textes oubliés et toujours édifiants, significatifs de dispositions variées, signés par des auteurs les plus divers, de toutes les époques et de tous les métiers, religieux missionnaires, navigateurs, aventuriers, historiens, géographes, scientifiques, ethnologues ou sociologues, diplomates, artistes, poètes, littérateurs et essayistes, reporters… De l’autre, et comme une continuation, le journaliste Patrick Straumann, à qui l’on doit déjà deux volumes sur Rio de Janeiro et sur l’art baroque de l’Aleijadinho, réassume et actualise cette posture du voyageur français et en retient La meilleure part (Voyage au Brésil), une brève synthèse, entre l’essai et le récit de voyage. Ces deux publications ouvrent à leur façon une période où l’on va beaucoup parler du Brésil, et éditer à tour de bras (ça a déjà commencé).

Régis Tettamanzi (éd.), Le voyage au Brésil (Anthologie de voyageurs français et francophones du XVIe au XXe siècle), Robert Laffont, « Bouquins », 2014, 1231p.
Patrick Straumann, La meilleure part (Voyage au Brésil), Chandeigne, « Lusitane », 2014, 118p.