30 juin 2023

Un peu de lecture (en portugais) à propos de la littérature prolétarienne au Brésil


L’illustre revue en ligne Opiniães (Revista dos alunos de literatura brasileira), de l’Université de São Paulo (USP), vient de lancer son n° 22 (janvier-juin 2023) et consacre un dossier thématique, « As mãos das obras », aux représentations des travailleurs urbains dans la littérature brésilienne.
Avec ça, le comité éditorial entend bien célébrer les 90 ans des deux premiers romans prolétariens (l’un déclaré, l’autre plus dubitatif) parus au Brésil, presque concomitamment en 1933 : Cacau, romance de Jorge Amado, certes, mais aussi… Parque industrial, romance proletário de Patrícia Galvão (Pagu), publié six mois plus tôt. Eh oui.

Or ce n’est pas sans joie que l’on s’est vu invité à redonner quelque essai, jadis écrit – première version – pour l’édition française du roman (Parc industriel, prologue de Liliane Giraudon, trad., notes et postface de A. C., Montreuil, Le Temps des Cerises, 2015), puis – deuxième version – revu, augmenté, actualisé et adapté, traduit en portugais, pour une nouvelle édition brésilienne du même (Parque industrial, préface d’Augusto de Campos, notes et postface de A. C., postface de Kenneth D. Jackson, São Paulo, Linha a Linha, 2018), laquelle édition dut tôt quitter les librairies brésiliennes pour de sombres raisons, devenant une rareté introuvable et laissant la place à une autre réédition, médiocre et même fautive celle-là.
Mais un public avide d’érudition réclamait un accès illimité à une postface qui apporta, faut-il croire, quelque épatante nouveauté sur un sujet qu’on n’a pas fini de reconsidérer. Comme de juste, on a profité de l’auguste occasion pour produire, bel et bien, une troisième version de cette étude qui, ma foi, comptait peut-être autant de faiblesses que d’admirateurs.

Ce qui peut laisser à penser qu’une quatrième version accompagnera un de ces jours une nouvelle édition, revue et corrigée, de la traduction française – tant il est vrai que les travaux de A. C. souffrent hélas d’une certaine obsolescence éditoriale (ce n’est pas faute de leur associer de fameux préfaciers, comme on le voit supra). Les spécialistes en génétique textuelle en perdront leur latin. En attendant cette catastrophe, ceux qui lisent le portugais peuvent déjà mettre à jour leurs connaissances sur Pagu* et ce stupéfiant roman prolétarien, mais aussi féministe, mais aussi moderniste, bancal à souhait, radical en tout, et propre à faire pâlir le père Amado. Eh oui.

Bref, c’est tout plein de curiosités pour les curieux, ça s’intitule « “Uma excelente estreia” : a chegada do romance proletário ao Brasil » et ça se lit dans la partie anthologique de la revue en tournant les pages 187 à 226, juste après un article de Walnice Nogueira Galvão sur la même matière et juste avant un article de Edvaldo A. Bergamo sur l’amadien Cacao, si on veut bien faire comme si que c’était une vraie revue en papier.

* Par ailleurs on apprend aujourd’hui même, de source autorisée, que l’œuvre journalistique de Patrícia Galvão, compilée par Kenneth D. Jackson et annoncée de longue date, devrait enfin paraître en 2023, dans une édition électronique en quatre volumes chez Edusp (les presses de l’USP).

5 juin 2023

Rions un peu, avec Cendrars et Oswald de Andrade


« “Permettez-moi de rire !” Les formes du comique dans l’œuvre de Blaise Cendrars »
Mais oui, c’est l’intitulé du colloque international qui se tiendra ces jeudi 8 et vendredi 9 juin à l’Université Lumière Lyon 2.

On ne manquera pas, vendredi matin dans la session « Accommoder le rire en poésie » (modérée par Manon Julian), la communication de Michel Riaudel : « Cendrars, Oswald de Andrade et “le poème-blague” ».

Un grave sujet qui devrait permettre de mieux comprendre cette forme apparue et débattue au sein de la poésie moderniste brésilienne, le dit « poème-blague », et de revisiter la joyeuse période de compagnonnage et de collaboration entre Cendrars et Oswald, en 1924-1925, qui produisit chez l’un la série des Feuilles de route (abordée par Lydie Cavelier dans la même partie du programme), chez l’autre un recueil emblématique du modernisme brésilien, Pau Brasil (cf. Bois Brésil, poésie et manifeste, trad. A. C., Éditions de la Différence, 2010).

Sans rire, prenez des notes.

13 mai 2023

Alcântara Machado à l’université

« Les chemins du livre dans l’Atlantique : entre médiation, traduction et réception » : c’est l’intitulé d’une Journée d’étude internationale qui se tiendra pas plus tard que ce mardi 16 mai à la Cité internationale universitaire (Paris 14e) — et en ligne via Zoom —, sous l’égide de Sorbonne Université et de l’Universidade Federal de Minas Gerais.

De bon matin ou presque, dans une table ronde sur « Les chemins de l’édition », le traducteur en chef de L’oncle d’Amérique n’évitera pas une petite bafouille dont voici le titre : « Import-export : le cas d’António de Alcântara Machado », et le résumé officiel :

« La récente traduction de Brás, Bexiga et Barra Funda (1927), fameux volume de nouvelles d’António de Alcântara Machado (1901-1935), a pu venir combler une lacune objective dans notre réception des lettres brésiliennes. En donnant à lire si tardivement un classique du modernisme, il s’agissait également de produire une édition critique susceptible de faire référence, synthèse mais aussi révision et reprise des recherches sur le texte et son auteur. De là, en retour, l’opportunité d’une publication au Brésil même, propre à favoriser de nouvelles lectures d’une œuvre un peu malmenée dans ses dernières rééditions en date, et à remettre en évidence un grand oublié dans les commémorations du centenaire du modernisme. Antoine Chareyre, responsable de l’édition française comme de la nouvelle édition brésilienne en préparation, témoignera des conditions concrètes et des enjeux nullement divergents de cette double démarche. »

Au programme [ci-contre], on ne manquera pas entre autres l’évocation des cas de Machado de Assis, de Murilo Rubião — dont Dominique Nédellec proposait récemment une première traduction d’ensemble (L’ex-magicien de la taverne du Minho, éd. L’arbre vengeur, 2021) —, et les réflexions du traducteur Mathieu Dosse.

Qu’on se le dise.
*
Présentation officielle :