25 septembre 2011

La pensée anthropophagique d'Oswald de Andrade, dans le texte

Avis de parution
    
Oswald de Andrade / Suely Rolnik
Manifeste anthropophage /
Anthropophagie zombie

Traductions du portugais par Lorena Janeiro / Renaud Barbaras
 
Blackjack éditions
coll. « Pile ou face »
14,5 x 21 cm, 25 et 61 p., 14€
 
- à paraître le 15 novembre 2011 -

...mais n’écrivait-on pas à quelque autre occasion, dans un message confidentiel du présent blog : « On pourra regretter qu’une fois de plus, pour l’attentive patience du public français, Oswald de Andrade ne soit évoqué qu’au titre de son activisme “anthropophage” et de son manifeste de 1928 — déjà traduit 8 fois en français ! —, au détriment si ce n’est à l’exclusion du reste de son œuvre… » ? — et au détriment, eût-on dû ajouter, d’une vision à la fois plus large et plus précise du mouvement moderniste brésilien, où le trop fameux Manifesto antropófago, recontextualisé, retrouverait son exact sens historique (non exclusif de lectures actualisantes, d’accord), comme l’une des dernières propositions, et certes la plus radicale, de la décennie 1920 brésilienne. (Sur les paradoxes de la réception française de l’œuvre d’Oswald de Andrade, et son insistante postérité anthropophage, voir cet historique-ci : http://www.boisbresilcie.com/2011/10/petit-historique-des-traductions.html, et ce message-là : http://www.boisbresilcie.com/2010/11/propagande-transatlantique-3-bilingue.html) (D’après nos meilleurs informateurs, un gros volume actuellement en préparation, De la Poésie Bois Brésil à l'Anthropophagie : archives critiques autour d’Oswald de Andrade, Brésil/ Portugal/ France, 1923-1929, devrait permettre à terme de combler cette lacune du côté de l’histoire littéraire et culturelle.)

Las, devant l’attentive patience du public français, donc, à ces 8 (ou 9...) traductions recensées, s’en ajoute désormais une autre.

On voudra bien considérer la chose avec une très bienveillante curiosité, néanmoins. D’abord parce qu’il est positivement exceptionnel qu’un auteur du Modernisme brésilien se voie ainsi consacrer deux ouvrages à un an d'intervalle. Ensuite parce que le manifeste acquiert, avec ce volume, une visibilité éditoriale que ne purent pas toujours lui offrir ses précédentes versions françaises (souvent en revue ou en appendice à des travaux universitaires, ou encore dans les dernières pages du volume Anthropophagies). Enfin, parce que le texte en question appelle par sa nature même, c’est entendu, des lectures croisées et renouvelées, ouvertes à toutes les approches disciplinaires (notamment entre le philosophique et le politique), engagées, créatives et prospectives.

À cet égard le volume annoncé joint, à la « nouvelle traduction » du Manifeste anthropophage, un essai de Suely Rolnik se proposant de réinvestir la notion d’anthropophagie dans un contexte contemporain mondialisé.

Si l’on note que Suely Rolnik, qui enseigne à l’Université de São Paulo, est philosophe, psychothérapeute et critique d’art, auteur par exemple de Micropolitiques, ouvrage cosigné avec Félix Guattari ; que Blackjack éditions souhaite ouvrir son catalogue, avec la nouvelle collection « Pile ou face », aux « champs les plus actuels des sciences humaines » ; enfin que la fondatrice de cette jeune maison, Léa Gauthier, fut rédactrice en chef de la revue Mouvement (où sont d’abord parus, précisément, en 2005, à la fois le texte de Rolnik et le manifeste d’Oswald, dans une autre trad.), cela situe les choses, et augure de la lecture à laquelle on nous convie.

Pour une présentation officielle de l’ouvrage, voir :
ou celui du diffuseur-distributeur : http://www.lespressesdureel.com/ouvrage.php?id=2246&menu=.

1 septembre 2011

Sur la pensée anthropophagique d'Oswald de Andrade

Avis de parution

Jorge Ruffinelli
et João Cezar de Castro Rocha (org.)
Antropofagia, hoje ?
Oswald de Andrade em cena

É Realizações (São Paulo)
21 x 21 cm, 688 p., R$ 99

– paru en juillet 2011 –

L’ouvrage Antropofagia, hoje ? est la version augmentée d’un volume paru en 2000 aux États-Unis. Il a été lancé officiellement en juillet dernier à l’occasion de la Flip 2011 consacrée à O. de Andrade et, contexte aidant, a reçu un large accueil de la presse brésilienne (voir le dossier de presse sur le site de l’éditeur : http://www.erealizacoes.com.br/clipping/clipping.asp — où l’on trouvera, dans les mêmes pages, d’autres articles consacrés à la commémoration flipesque d’Oswald).

L’un des deux organisateurs du volume, João Cezar de Castro Rocha, professeur de littérature comparée à l’Université d’État de Rio de Janeiro (Uerj), est par ailleurs intervenu, avec force énergie et engagement, dans une table ronde sur l’Anthropophagie oswaldienne, dans le cadre des programmations de la Flip (voir un extrait vidéo ici : http://www.youtube.com/user/flipfestaliteraria?gl=BR&hl=pt#p/c/CDA0205549335494/15/NxAGUFjbgdU).

À titre indicatif, nous donnons la traduction du texte de présentation de l’éditeur :

« Est-il encore possible de proposer une relecture de la théorie culturelle d’Oswald de Andrade ? Vaut-il la peine (encore une fois !) de réinterpréter l’Anthropophagie ? Est-il possible de la convertir en une forme critique de compréhension de la réalité contemporaine ? La tâche n’est pas facile, puisqu’il est arrivé avec l’Anthropophagie ce qui était inévitable : on a tellement parlé des manifestes oswaldiens que le sujet semble complètement épuisé.
Afin de répondre par l’affirmative, Antropofagia, hoje ? Oswald de Andrade em cena [« L’Anthropophagie, aujourd’hui ? O. de Andrade en scène »] réunit 44 essayistes et 13 écrivains avec le même objectif : explorer le potentiel analytique et philosophique de l’Anthropophagie oswaldienne. Il s’agit de mettre en avant la pertinence de sa proposition dans le monde actuel. Or, si le grand dilemme contemporain est d’inventer une imagination théorique capable de traiter le vertige de données reçues sans interruption, alors l’Anthropophagie oswaldienne peut devenir une solution pertinente pour la redéfinition de la culture contemporaine.
C’est pourquoi ce livre se propose de stimuler de nouvelles approches de l’œuvre d’Oswald de Andrade, en cherchant à comprendre l’Anthropophagie comme un exercice de pensée toujours plus nécessaire dans les conditions d’un monde globalisé, puisqu’elle permet que se développe un modèle théorique d’appropriation de l’altérité.
En dernière instance, telle est la signification la plus excitante de l’Anthropophagie, déjà entrevue de manière visionnaire par ce grand anthropophage qu’est Arthur Rimbaud : « Je est un autre ». Et ce n’est qu’à travers l’autre que nous pouvons connaître (un peu) de nous-mêmes.
Dans le monde actuel, caractérisé par un flux incessant d’information, allié à une pluralité vertigineuse de moyens de communication, peut-être n’y a-t-il pas de tâche plus importante que le développement d’une imagination théorique capable de traiter des données issues de circonstances et de contextes multiples. Dans ce livre, l’Anthropophagie oswaldienne est comprise comme la promesse d’une imagination théorique de l’altérité, à travers l’appropriation créative de la contribution de l’autre. »