Prochainement s’ouvrira
au Grand Palais l’exposition « Mexique, 1900-1950 »
(du 5 octobre 2016 au 23 janvier 2017), organisée par le Museo Nacional de Arte de Mexico et la RMN.
On lit dans le dossier pédagogique de l’exposition, « Le Mexique des renaissances », que « cette manifestation offre un panorama d’artistes
célèbres tels que Diego Rivera, Frida Kahlo ou Rufino Tamayo » mais
que « d’autres moins connus en
Europe sont également représentés ». En somme, « le parcours dresse un constat de la bouillonnante
créativité artistique du pays tout au long du XXe siècle. »
Sans aucun doute (en
témoigne l’entretien avec Agustín
Arteaga, commissaire de l’exposition), cet événement vient refléter chez
nous une assez récente ouverture, dans l’histoire de l’art et la muséographie mexicaines,
à la diversité des avant-gardes nationales au-delà de l’officiel muralisme — autorisant
notamment, pour ce qui concerne les années 1920, une redécouverte du stridentisme.
Ainsi lit-on, dans le
même dossier (pédagogique !) :
« Le groupe stridentiste, ainsi appelé à cause
du grand bruit que celui-ci a suscité dans l’opinion publique des années 1920,
présente une alternative originale. »
Ça commence bien.
Le petit
groupe formé autour de Manuel Maples
Arce n’a pas été ainsi baptisé, par on ne sait qui et on ne sait quand, « à cause du grand bruit […] suscité dans l’opinion publique ».
C’est Maples Arce lui-même, encore isolé d’ailleurs, qui employa les termes estridencia, estridentismo et estridentista
dès son premier manifeste, le « Comprimido estridentista » diffusé fin
1921 dans la revue-placard Actual
(n1).
Tant pis pour l’approximation.
On ira voir avec intérêt les témoignages de stridentisme et les œuvres de Ramón
Alva de la Canal, Germán Cueto ou encore Jean Charlot, non pas des artistes
stridentistes (il n’y eut pas à proprement parler d’école stridentiste dans
les arts) mais des artistes aux parcours propres qui se trouvèrent collaborer
aux ouvrages, aux revues et aux quelques événements promus par le mouvement de
Maples Arce. De ce point de vue, le clou sera peut-être la fameuse toile d’Alva
de la Canal, El Café de Nadie (huile
sur toile et collage, 2e version), qui représente Maples Arce entouré de ses
comparses Germán List Arzubide, Salvador Gallardo, Arqueles Vela, Germán Cueto
et le peintre.
En attendant, on peut
toujours consulter l’ouvrage :
Manuel Maples Arce
Poésie & manifeste
(1921-1927)
Édition bilingue &
illustrée
Traduction de l’espagnol
(Mexique),
présentation & notes
par Antoine Chareyre
Le Temps des Cerises
(Montreuil)
coll. « Commun’art »,
2013, 372 p., 25€
Qu’on se le dise, &
qu’on lise !