15 juin 2018

Arqueles Vela & « le roman inédit du stridentisme »

Tandis que l’on parle tant & plus de retraduction des classiques, les mêmes, toujours les mêmes, arpentons donc les terrains vagues & cultivons la diversité, chérissons aussi la rareté que rien n’indique à un facile commerce & débusquons même les hapax éditoriaux !
Avec ce roman d’Arqueles Vela, par exemple.
1927-1977 : pendant 50 ans inédit en espagnol & jamais repris. 2027 : bel horizon pour une traduction française...

…il n’y a pas de protagonistes ;
mais des antagonistes…
Le manuscrit introuvable

Avertissement

C’est la première fois qu’un livre posthume — le livre que l’on écrit après la mort, selon la définition transcrite dans le manuscrit introuvable — est publié en toute logique, car, conformément à ses préceptes, l’homme meurt plus d’une fois au cours de son existence…

Ainsi, le texte que nous offrons à présent fut commencé à Mexico, en 1925, quand le grand maître et philologue Pablo González Casanova, à qui l’on racontait la réalité de l’un des chapitres, suggéra à l’auteur d’en composer l’histoire complète, et c’est ainsi que débuta l’histoire…

Cette année-là, l’auteur, bousculé par des vicissitudes sentimentales, se sentit forcé de voyager, et comme, selon le vieil apophtegme, voyager c’est mourir un peu… l’auteur mourut un peu…

Par la suite, à Madrid, en 1927, rue Velázquez, n° 4, studio de Ramón Gómez de la Serna, durant une discussion avec Marichalar, Benjamín Jarnés, Maroto, le grand inventeur des greguerías dit : — « Nous savons ce qu’il ne faut pas faire en matière de roman… Antonio Espina, dans Pájaro pinto, et Arqueles Vela, dans El intransferible, défrichent la voie… »

Ainsi, El intransferible devait être publié à Madrid… mais, parce qu’il appartenait à la bande républicaine du Café Saboya, aux côtés de Valle-Inclán, García Lorca, Martín Luis Guzmán, Ortega, l’auteur, expulsé d’Espagne, entreprit un autre voyage et mourut, encore une fois, un peu… Ensuite, à Paris, à l’Ambassade du Mexique, à la fin d’une lecture de El intransferible devant Alfonso Reyes — alors ambassadeur —, Carlos Pellicer, Germán Cueto, Manuel M. Ponce et Miguel Ángel Asturias, les éditions París-América s’offrirent de le publier. Mais… tandis que l’on corrigeait les épreuves de la première édition, l’auteur, démis de son poste de correspondant à la Revista de Revistas et à Jueves de Excélsior par J. M. Durán y Casahonda, qui venait de prendre en charge la gérance du groupe de presse qui éditait les hebdomadaires cités, dépourvu de tout autre moyen de subsistance et de séjour, comme un autre condamné aux périples, abandonna Montmartre et La Rotonde, se lançant dans un autre voyage vers l’Allemagne et de nouveaux horizons inconnus… et mourut encore un peu…

À la fin de son moratoire sentimental, de retour à Mexico, quand l’un de ses plus grands amis éditeurs lui annonça que s’il publiait El intransferible, non seulement il irait en prison avec l’auteur, mais que l’on détruirait ses biens jusqu’à la cinquième génération, l’idée de jeter l’œuvre en pâture au public fut ajournée…

Mais voilà qu’un groupe denthousiastes jeunes gens, fondateurs des éditions Gama, décide de l’envoyer à l’imprimerie, courant le même risque que l’auteur… et la fait imprimer comme le roman posthume du stridentisme, cinquante ans après qu’elle a été écrite.

A. V.


Trad. de « Prenunciación »
préf. d’Arqueles Vela [1899-1977]
à El intransferible
(La novela inédita del estridentismo)
Mexico, Editorial Gama, 1977, 157 p.
(achevé d’imprimer le 15 août 1977, tiré à 3000 ex.)

Première et unique édition en espagnol.

Traduction française en préparation, pour l’éditeur inconnu.

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