26 mars 2024

Mutatis mutandis

Pour faire écho à certaine visite d’État au Brésil, annoncée cette semaine dans les gazettes, le traducteur en chef de L’oncle d’Amérique a bien voulu extraire pour nous, d’un manuscrit peut-être en préparation, une chronique idoine signée par António de Alcântara Machado en 1926.
Plutôt cocasse, la chronique, irrévérencieuse pour qui de droit et d’un chauvinisme garanti d’époque. Diplomatie d’antan. Modeste contribution à la diplomatie d’aujourd’hui. De rien.


Relations extérieures
António de Alcântara Machado

Le Brésilien a la susceptibilité à fleur de peau d’une fille de quinze ans. La moindre broutille le blesse. À la moindre raison il boude et va s’enfermer dans sa chambre en claquant la porte et en avalant ses sanglots.
Susceptibilité d’un peuple adolescent. Manque de pratique internationale. Esprit de plouc. Il voit partout un affront. Il vit dans la méfiance. Les oreilles dressées, pour savoir si on dit du mal de lui.
Et puis vaniteux comme pas un. Il mendie l’éloge de l’étranger (comme s’il en avait besoin pour vivre). Il fait un pas et aussitôt regarde l’Europe pour voir si l’Europe applaudit. Tel un artiste de café-concert.
Gauche et timide, il est extraordinairement sensible à la moindre égratignure comme à la moindre caresse. Il suffit qu’un imbécile quelconque en Italie ou en France écrive des choses agréables ou désagréables au sujet du Brésil pour que nos journaux reproduisent l’article de l’imbécile et le commentent des jours durant. Si le bonhomme est offensant, c’est un ingrat et un vendu. S’il est élogieux, il est impartial et illustre.
De l’amour propre, oui. Fort naturel et même nécessaire si vous voulez. Mais exagéré et nocif. Parfois même ridicule. Qu’importe ce qu’on peut penser de nous ? Qui s’incommode de l’opinion d’autrui est un malheureux dans ce monde. Je ne cite pas la fable de La Fontaine pour ne pas faire montre d’une érudition de professeur de l’École normale. Dieu m’en garde.

Un amour propre de cette sorte finit par être un signe d’infériorité. Ce sont les faibles qui ont horreur de la critique et ont besoin d’encouragement. Ils méconnaissent leur valeur. Ils n’avancent que si on les pousse. Sinon ils sont coincés. Ils ont peur de se tromper. C’est pourquoi ils n’essaient pas. Et les forts leur passent devant en riant des benêts.
Le Brésil ressemble à un élève qui n’étudie que pour gagner les prix de fin d’année. En présence de ses parents, amis et connaissances. Sous le regard fâché des envieux. Et les applaudissements du public impartial.
Innocence d’enfant blond. Brun d’ailleurs.

C’est cette soif de récompense qui conduit le Brésilien à recevoir dans le creux de ses mains (et ce qui est encore plus triste, avec beaucoup d’argent dans les mains) le premier étranger venu. Il a une peur folle que le bonhomme dise quelque chose qui déshonore le pays. Alors il fait comme la maîtresse de maison qui reçoit une visite importante. Elle envoie les enfants jouer à la cave. Frotte les meubles. Donne un coup de balai dévastateur sur les toiles d’araignée. Fait répéter la domestique qui doit servir le café. Met des fleurs dans les vases. Nettoie les crachoirs. Et laisse un livre français bien en vue dans la salle de réception. Le bonhomme arrive et se voit aussitôt invité à faire le tour de la maison pour apprécier l’ordre et la propreté.
Eh bien c’est de cette même façon ni plus ni moins que le Brésilien accueille le monsieur qui débarque ici. Il le reçoit dans le jardin. Le jardin c’est Rio de Janeiro. Naturellement le visiteur éclate en interjections admiratives. Et le Brésilien enregistre satisfait toutes ces interjections. Puis c’est la visite de l’intérieur. L’intérieur c’est São Paulo. La fille aînée joue du piano et récite une poésie. L’homme est bien obligé d’apprécier la perfection des installations sanitaires et va jusqu’à la cuisine où l’on travaille sans répit à la préparation de la nourriture pour les gens de la nation, c’est-à-dire de la maison. Il visite l’office copieusement approvisionné. Dans la salle à manger il se gave de friandises. Enfin il descend dans le jardin. Le jardin c’est Ribeirão Preto et parfois le Mato Grosso. Il fait une inspection du potager et du verger. Vérifie la fertilité du sol. Trébuche dans un trou. Un ver de terre l’effraie. Il s’en tire avec des tiques. Alors les gosses à travers les grilles de la cave presque toujours soumettent le bonhomme à une huée de tous les diables. Le bonhomme s’en tire tout fâché après le compétent coup de couteau du maître de la maison. Et de retour à ses pénates c’est tout vu : il attrape sa plume et éreinte l’idiote famille qui l’a reçu bras et bourse ouverts.
Le plus extraordinaire c’est que celle-ci finit toujours par s’étonner de l’ingratitude de l’individu.

Notre cher ancêtre aimoré était bien plus intelligent et plus pratique. Plus patriote aussi. Il recevait des plus aimablement l’étranger qui se présentait à lui. Par des danses et des fêtes. Et son amabilité finissait par devenir incommodante. La meilleure oca était pour le bonhomme. Les meilleures vierges également. Et la chasse la plus savoureuse. L’imbécile engraissait et aimait, c’était bien beau à voir. Il menait une vie des plus délectable. Mais quand il commençait à prendre de ces airs et de ces attitudes d’heureux pacha, notre ancêtre aimoré lui flanquait un coup de massue sur le sommet du crâne et le croquait rôti sur la broche. Encore disait-il du mal du pauvre homme si la viande était de mauvaise qualité. Et que quelqu’un fasse donc l’ânerie de venir à la taba protester au nom de la civilisation. S’il était gras il allait tout droit sur le feu. Sur le champ. Pour ne pas être bête.
Je ne dis pas qu’il faut faire de même aujourd’hui. Mais quelque chose de ressemblant, ça ne serait pas mauvais. Par exemple : au lieu d’emmener le bonhomme visiter la Caserne de la Luz, le conduire dans une caserne de la Légion pauliste. Et l’y laisser une demi-heure tout seul. Plus jamais le bonhomme ne se sentirait en sécurité dans la vie. Promis.
Mais le plus avisé est de ne prêter aucune attention à l’opinion de l’étranger. Ou alors le payer avec la même monnaie. Car ça ne s’arrangera jamais. La manie de l’Européen est de dire du mal de l’Américain. Que celle de l’Américain soit de dire pis que pendre de l’Européen.
Fini le temps où le Brésilien avait besoin de l’étranger pour quoi que ce soit. Tout ce qui était bon venait d’ailleurs. Et seul était bon ce qui venait d’ailleurs même quand c’était mauvais. Aujourd’hui c’est une autre chanson. C’est surtout l’Europe qui a besoin de l’Amérique. C’est nous qui faisons cocorico. Que l’Européen vienne ici travailler s’il le souhaite. Travailler seulement. En se taisant surtout. Dans le cas contraire qu’il retourne là d’où il est venu. Et qu’il ne se plaigne pas s’il meurt de faim.
Ce qui est déjà arrivé. Voici pour preuve les pêcheurs lusitaniens de Póvoa de Varzim. Ils regimbèrent avec la nationalisation de la pêche. Ils firent leurs baluchons et s’en allèrent. Mais ils ne s’en trouvèrent pas mieux, non. à quelque temps de là ils revenaient en sourdine. Ils se trouvent presque tous ici à nouveau. Sans dire un mot.
Eh bien c’est ainsi qu’il doit être. Pas question de vouloir capter à toute force les sympathies internationales. C’est sans résultat. Que celui qui n’est pas content vide les lieux. Et s’il commence à dire du mal du Brésil qu’il aille se faire voir. Nous avons autre chose à faire. Nous n’avons pas le temps de discuter avec des indésirables.
Maintenant s’il veut collaborer utilement avec nous c’est autre chose. Il en sera royalement récompensé. Comme un domestique de nouveau riche. Le pays est reconnaissant de tout ce qu’on fait pour lui. Il sera millionnaire en deux temps. Avec hôtels particuliers, plantations et usines. Il pourra s’acheter des blasons à volonté. Avoir une descendance noble. Jusqu’à décrocher des positions politiques et gouvernementales.
C’est fou ce que le pays est généreux.

Et qu’un Brésilien aille écrire une demi-douzaine de petites vérités à propos de gens d’autres coins. Dieu du Ciel. Le monde lui tombe dessus. Il a touché à l’intangible. Un pauvre ignorant, un âne, un sauvage.
Le plus irritant c’est qu’elles sont brésiliennes les protestations qui s’élèvent avec la plus grande véhémence. La presse nationale vient aussitôt aux petits soins pour donner toutes les satisfactions possibles aux offensés. Une chose ridicule et humiliante.
Le contraire oui. L’Européen par exemple peut chez lui dire du mal du Brésil (y compris en contrariant les intérêts de son pays) et personne ne se présente pour élever la plus timide protestation. Même les compatriotes du plaisantin qui résident ici n’en sont pas incommodés. Au fond tout étranger de quelque nationalité que ce soit pense que c’est à lui, et uniquement à lui, que nous devons ce que nous sommes. Ce qui est une énorme injure et un énorme mensonge.
Pour ce qui concerne surtout São Paulo il reste à vérifier en quoi a consisté de fait la collaboration étrangère. Une collaboration efficace, sans nul doute, mais d’ordre matériel tout au plus. La main d’œuvre est en partie étrangère. Mais l’initiative a toujours été pauliste. Dans tous les champs de notre croissance épatante.
Il faut que cette vérité soit connue de tous. Les as c’est nous les Paulistes. Il suffit d’observer notre formidable pouvoir d’absorption. Rien ne lui résiste. Ni préjugés, ni traditions. De race ou de sang. Ici l’étranger se transforme. Il agit et pense en fonction du milieu. Il y a des exceptions, bien entendu. Mais fournies par les gens qui débarquent ici l’esprit méfiant. Disposés à ne pas se brésilianiser. Prêts à réagir contre toutes les pressions physiques ou morales de l’environnement. Des gens qui nous sont inutiles, par conséquent. Ils ne pourront jamais faire alliage avec nous. Il vaut bien mieux qu’ils se tiennent à l’écart.

Il y a un moyen très simple et très sûr de savoir ce qu’on vaut. Pas question de vouloir mesurer sa valeur selon une moyenne idéale que personne n’a jamais atteinte. Rien de tel. La mesure les autres la fournissent. Il nous suffit (comme ce curé perspicace de la Révolution française) de regarder autour de nous. C’est en se comparant que l’on parviendra à un résultat exact. Surtout en regardant dessous. Pas au-dessus.
C’est ce que doit faire le Brésilien. Pour son orgueil et son profit.
On se moque beaucoup parmi nous des Brésiliens qui découvrent le Brésil en Europe. Eh bien c’est une moquerie fort idiote. Car ce n’est vraiment que là-bas que l’on peut se faire une juste idée du colosse que c’est. En voyant ces hommes épuisés. Ces champs desséchés. Ces traditions asphyxiantes. Les millions de vagabonds forcés. Ce découragement. Le cérébralisme maladif des mentors. La terrible révolte des dirigés. La lutte sanglante pour la vie. L’indécision du présent. La crainte du lendemain. Et la faim. Le désespoir. La stérilité.
Alors on se rappelle qu’on a laissé un pays où tout est encore à faire. Et l’on mesure bien le bonheur que cela représente. Un pays vierge qui attend sa fécondation. Sans le poids mort du passé. Sans présent y compris. Qui vit entièrement pour l’avenir. Un pays délicieux par ses possibilités ignorées. Un pays délicieux par ses défauts visibles. Si fort et si pittoresque. Si grand et si innocent. Si beau et si drôle. Un pays gamin. Un gamin prodige. Debout et petit doigt dans le nez.
Juste un peu nigaud. Penaud. Renfrogné. Il lui faudra gagner en aisance. Devenir plus malin. Ne pas se laisser voler au petit jeu du tir d’adresse. Et surtout briser les vitres des voisins à coups de pierre. Tous les jours. Et aussi apprendre à huer. Bien fort. Avec deux doigts dans la bouche. Siffler le reste du monde.

(Jornal do Comércio, São Paulo, 16 octobre 1926. Trad. A. C.)

1 mars 2024

Chumbo


Vient de reparaître au format poche, par la grâce des éditions de L’Antilope, le roman K. du Brésilien Bernardo Kucinski, une traduction qui se trouvait depuis peu indisponible*.

L’histoire d’une disparition, et d’une quête, au plus sombre de ces années de plomb abordées dernièrement dans un bien beau roman graphique (Chumbo de Matthias Lehmann, 2023).
Un travail subtil et délicat de mémoire, mené à tâtons, par fragments et coups de sonde, au gré dun dispositif d’écriture particulièrement concerté et inventif.
Une plongée fascinante dans l’histoire récente du Brésil, autant qu’un récit-témoignage à la portée universelle.





Pour l’occasion, on écoutera avec profit le long entretien, passionnant, poignant, que Bernardo Kucinski avait accordé en 2016 à Kathleen Evin dans l’émission «L’humeur vagabonde», sur France Inter (par ici).


* Première édition en 2016 chez Vents d’ailleurs, dans la collection «Pulsations» dirigée par Jean-Pierre Orban.

30 juin 2023

Un peu de lecture (en portugais) à propos de la littérature prolétarienne au Brésil


L’illustre revue en ligne Opiniães (Revista dos alunos de literatura brasileira), de l’Université de São Paulo (USP), vient de lancer son n° 22 (janvier-juin 2023) et consacre un dossier thématique, « As mãos das obras », aux représentations des travailleurs urbains dans la littérature brésilienne.
Avec ça, le comité éditorial entend bien célébrer les 90 ans des deux premiers romans prolétariens (l’un déclaré, l’autre plus dubitatif) parus au Brésil, presque concomitamment en 1933 : Cacau, romance de Jorge Amado, certes, mais aussi… Parque industrial, romance proletário de Patrícia Galvão (Pagu), publié six mois plus tôt. Eh oui.

Or ce n’est pas sans joie que l’on s’est vu invité à redonner quelque essai, jadis écrit – première version – pour l’édition française du roman (Parc industriel, prologue de Liliane Giraudon, trad., notes et postface de A. C., Montreuil, Le Temps des Cerises, 2015), puis – deuxième version – revu, augmenté, actualisé et adapté, traduit en portugais, pour une nouvelle édition brésilienne du même (Parque industrial, préface d’Augusto de Campos, notes et postface de A. C., postface de Kenneth D. Jackson, São Paulo, Linha a Linha, 2018), laquelle édition dut tôt quitter les librairies brésiliennes pour de sombres raisons, devenant une rareté introuvable et laissant la place à une autre réédition, médiocre et même fautive celle-là.
Mais un public avide d’érudition réclamait un accès illimité à une postface qui apporta, faut-il croire, quelque épatante nouveauté sur un sujet qu’on n’a pas fini de reconsidérer. Comme de juste, on a profité de l’auguste occasion pour produire, bel et bien, une troisième version de cette étude qui, ma foi, comptait peut-être autant de faiblesses que d’admirateurs.

Ce qui peut laisser à penser qu’une quatrième version accompagnera un de ces jours une nouvelle édition, revue et corrigée, de la traduction française – tant il est vrai que les travaux de A. C. souffrent hélas d’une certaine obsolescence éditoriale (ce n’est pas faute de leur associer de fameux préfaciers, comme on le voit supra). Les spécialistes en génétique textuelle en perdront leur latin. En attendant cette catastrophe, ceux qui lisent le portugais peuvent déjà mettre à jour leurs connaissances sur Pagu* et ce stupéfiant roman prolétarien, mais aussi féministe, mais aussi moderniste, bancal à souhait, radical en tout, et propre à faire pâlir le père Amado. Eh oui.

Bref, c’est tout plein de curiosités pour les curieux, ça s’intitule « “Uma excelente estreia” : a chegada do romance proletário ao Brasil » et ça se lit dans la partie anthologique de la revue en tournant les pages 187 à 226, juste après un article de Walnice Nogueira Galvão sur la même matière et juste avant un article de Edvaldo A. Bergamo sur l’amadien Cacao, si on veut bien faire comme si que c’était une vraie revue en papier.

* Par ailleurs on apprend aujourd’hui même, de source autorisée, que l’œuvre journalistique de Patrícia Galvão, compilée par Kenneth D. Jackson et annoncée de longue date, devrait enfin paraître en 2023, dans une édition électronique en quatre volumes chez Edusp (les presses de l’USP).

5 juin 2023

Rions un peu, avec Cendrars et Oswald de Andrade


« “Permettez-moi de rire !” Les formes du comique dans l’œuvre de Blaise Cendrars »
Mais oui, c’est l’intitulé du colloque international qui se tiendra ces jeudi 8 et vendredi 9 juin à l’Université Lumière Lyon 2.

On ne manquera pas, vendredi matin dans la session « Accommoder le rire en poésie » (modérée par Manon Julian), la communication de Michel Riaudel : « Cendrars, Oswald de Andrade et “le poème-blague” ».

Un grave sujet qui devrait permettre de mieux comprendre cette forme apparue et débattue au sein de la poésie moderniste brésilienne, le dit « poème-blague », et de revisiter la joyeuse période de compagnonnage et de collaboration entre Cendrars et Oswald, en 1924-1925, qui produisit chez l’un la série des Feuilles de route (abordée par Lydie Cavelier dans la même partie du programme), chez l’autre un recueil emblématique du modernisme brésilien, Pau Brasil (cf. Bois Brésil, poésie et manifeste, trad. A. C., Éditions de la Différence, 2010).

Sans rire, prenez des notes.

13 mai 2023

Alcântara Machado à l’université

« Les chemins du livre dans l’Atlantique : entre médiation, traduction et réception » : c’est l’intitulé d’une Journée d’étude internationale qui se tiendra pas plus tard que ce mardi 16 mai à la Cité internationale universitaire (Paris 14e) — et en ligne via Zoom —, sous l’égide de Sorbonne Université et de l’Universidade Federal de Minas Gerais.

De bon matin ou presque, dans une table ronde sur « Les chemins de l’édition », le traducteur en chef de L’oncle d’Amérique n’évitera pas une petite bafouille dont voici le titre : « Import-export : le cas d’António de Alcântara Machado », et le résumé officiel :

« La récente traduction de Brás, Bexiga et Barra Funda (1927), fameux volume de nouvelles d’António de Alcântara Machado (1901-1935), a pu venir combler une lacune objective dans notre réception des lettres brésiliennes. En donnant à lire si tardivement un classique du modernisme, il s’agissait également de produire une édition critique susceptible de faire référence, synthèse mais aussi révision et reprise des recherches sur le texte et son auteur. De là, en retour, l’opportunité d’une publication au Brésil même, propre à favoriser de nouvelles lectures d’une œuvre un peu malmenée dans ses dernières rééditions en date, et à remettre en évidence un grand oublié dans les commémorations du centenaire du modernisme. Antoine Chareyre, responsable de l’édition française comme de la nouvelle édition brésilienne en préparation, témoignera des conditions concrètes et des enjeux nullement divergents de cette double démarche. »

Au programme [ci-contre], on ne manquera pas entre autres l’évocation des cas de Machado de Assis, de Murilo Rubião — dont Dominique Nédellec proposait récemment une première traduction d’ensemble (L’ex-magicien de la taverne du Minho, éd. L’arbre vengeur, 2021) —, et les réflexions du traducteur Mathieu Dosse.

Qu’on se le dise.
*
Présentation officielle :




28 décembre 2022

Encore un communiqué de L’oncle d’Amérique

Figurez-vous que le prochain rendez-vous du très couru Club de lecture de l’Ambassade du Brésil sera consacré à
Brás, Bexiga et Barra Funda, de notre cher António de Alcântara Machado.

Notez que cette rencontre au sommet se tiendra le samedi 14 janvier à 10h30, à la BnF, et sera modestement animée par le traducteur en chef de L’oncle d’Amérique, Antoine Chareyre, avec Maud Lageiste, chargée de collections en langue et littératures d’expression portugaise à la BnF.

N’oubliez pas qu’on s’inscrit fissa en écrivant à rsvpcultural.paris@itamaraty.gov.br (en précisant dans l’objet « Club de lecture #9 »).

Et ne soyez pas sans savoir que les 12 premiers inscrits pourront se porter acquéreurs du livre susmentionné avec un rabais de 50% à la Librairie Portugaise & Brésilienne (21 rue des Fossés Saint-Jacques, Paris 5e).

« Le dit public lecteur est celui qu’on sait », déclarait Alcântara Machado en 1927, en pleine promo de son petit livre.
C’est ce qu’on verra.

20 avril 2022

Encore un communiqué de L’oncle d’Amérique

L’oncle d’Amérique
présentera son (début de) catalogue à L’Autre salon du livre (Palais de la Femme, 94 rue de Charonne, Paris 11e), les vendredi 22 (de 14h à 20h), samedi 23 (11h-20h) et dimanche 24 avril (11h-19h), sur le stand de Van Dieren éditeur, dont on peut saluer l’hospitalité au sein de ce fameux événement de l’édition indépendante.

Bienvenue à tous les curieux, lecteurs et professionnels du livre, qui pourront donc feuilleter notre belle (mais rare) édition pseudo-fac-similé de Brás, Bexiga et Barra Funda, ces savoureuses nouvelles du Brésilien António de Alcântara Machado, et pourquoi pas discuter un brin avec le traducteur-éditeur en personne !

25 janvier 2022

Alcântara Machado en Sorbonne

Dans le cadre des « Actualités des études lusophones » et à l’invitation de Michel Riaudel, du Centre de recherches interdisciplinaires sur les mondes ibériques (CRIMIC, Sorbonne Université), l’historien Étienne Sauthier évoquera son récent Proust sous les tropiques (Presses universitaires du Septentrion, 2021) et le traducteur Antoine Chareyre, l’édition de Brás, Bexiga et Barra Funda, nouvelles du moderniste António de Alcântara Machado (L’oncle d’Amérique, 2021).

Une rencontre au sommet qui se tiendra ce mercredi 26 janvier 2022, 18h-19h30, à l’Institut d’Études hispaniques (31 rue Gay-Lussac, Paris 5e, salle 12) et en ligne (via zoom : https://bit.ly/3IJ3KzV).

3 décembre 2021

Alcântara Machado en vitrine

À la librairie L’Archa des Carmes (23 rue des Carmes, Arles), on a eu le bon goût de lire notre édition de Brás, Bexiga et Barra Funda d’Alcântara Machado, et le chic d’en rendre compte dans une note de lecture qui vaut bien mille « petits mots de libraire » :

(* Voir aussi la belle note de lecture sur l’autobiographie de Patrícia Galvão (Pagu), Matérialisme & zones érogènes, du même traducteur : par ici.)

(On peut retrouver la plupart des notes de lecture de L’Archa des Carmes sur le site de la librairie, les consulter sur sa page Facebook, ou même les recevoir sous forme de newsletter, en s’abonnant.)

2 décembre 2021

Encore un communiqué de L’oncle d’Amérique

Manifestation annuelle organisée par les éditions L’Œil dor, les Éternels FMR représentent plus de «70 éditeurs indépendants, alternatifs, furieux, décalés, irrévérencieux, poétiques», et près de «800 références allant de la littérature aux sciences humaines, de la photographie aux arts plastiques, de la botanique à l’astrophysique, de la bande dessinée aux carnets de voyage, interrogeant le monde, la politique, le genre, l’identité et l’histoire…»
Les amateurs sauront donc y trouver sur un coin de table, pour la première fois, notre belle (mais rare) édition pseudo-fac-similé de Brás, Bexiga et Barra Funda, ces savoureuses nouvelles du Brésilien António de Alcântara Machado. Avec un peu de chance, ils pourront même y croiser le traducteur-éditeur en personne...

* Ouverture du lundi au vendredi de 11h à 18h, le samedi de 11h à 19h, le dimanche de 12h à 18h.
Fermeture à 16h les 24 et 31 décembre.
Fermé les 25 déc. et 1er janvier.

19 novembre 2021

Un communiqué de L’oncle d’Amérique

L’oncle d’Amérique présentera son (début de) catalogue au Salon de l’Autre Livre (Halle des Blancs Manteaux, 48 rue Vieille du Temple, Paris 4e) les vendredi 26 (14h-20h), samedi 27 (11h-20h) & dimanche 28 novembre (11h-19h), sur le stand de Van Dieren éditeur (D01) dont on peut saluer l’hospitalité au sein de ce fameux événement de l’édition indépendante.
Bienvenue à tous les curieux, lecteurs et professionnels du livre, qui pourront donc feuilleter notre belle (mais rare) édition pseudo-fac-similé de Brás, Bexiga et Barra Funda, ces délicieuses nouvelles du Brésilien António de Alcântara Machado, et pourquoi pas discuter un brin avec le traducteur-éditeur en personne !

4 novembre 2021

Pagu affole la bibliographie

Du Brésil en voulez-vous en voilà dans le dernier numéro des Cahiers Benjamin Péret (n°10, septembre 2021).
Manon Julian signe un bel article qui, sous le titre « Pagu, une femme de fer avec des zones érogènes et un appareil digestif », est aussi une tentative de saisie des suggestifs parallélismes et entrecroisements biographiques entre Patrícia Galvão (Pagu) et Péret — et la continuation d’un compte rendu attentif, signé par Manon Julian dans la même revue (n°9, sept. 2020), de l’autobiographie de notre si chère Pagu, Matérialisme & zones érogènes (éd. Le Temps des Cerises, 2019), un petit livre qui ne cesse de se trouver par ici quelques lecteurs fascinés.
Puis dans le dossier « Traductions et traducteurs de Benjamin Péret », Leonor Lourenço de Abreu propose un panorama intitulé « Voyages en lusophonie : l’œuvre de Benjamin Péret au Brésil et au Portugal ».
Qu’on se le dise, & qu’on lise.

15 octobre 2021

Alcântara Machado dans le Lorgnon mélancolique

Sur le blog Le Lorgnon mélancolique, ce 15 octobre 2021, Patrick Corneau examine de long en large notre édition de Brás, Bexiga et Barra Funda, nouvelles du Brésilien António de Alcântara Machado, et il est enthousiasmé.

Ça se passe par ici.

14 octobre 2021

“L’ex-magicien” de Murilo Rubião, par Carlos Drummond de Andrade

Rio de Janeiro, 9 novembre 1947


L’ex-magicien est un délice. Il nous transporte au-delà de nos limites, sans jamais perdre pied, toutefois, dans le réel et le quotidien. Son univers est pareil au nôtre et, en même temps, c’est un univers libéré des lois de la circulation humaine et de la logique formelle. Et aussi absurdes que soient les nouvelles relations établies par toi entre les choses et l’homme, la vérité est qu’elles ne sont pas plus absurdes que les conditions de la vie normale, contrôlée par la raison : voilà la leçon amère que l’on tire de ta satire, si poétique et si riche en invention. Mon accolade pour ce beau livre, et pourvu qu’il soit compris dans toutes ses perspectives et plans superposés. Avec l’affectueuse admiration de ton
Carlos Drummond
*
N. B.
 : Cette missive du grand Carlos Drummond de Andrade (1902-1987) saluait la publication du premier des sept recueils de nouvelles de Murilo Rubião (1916-1991), dont le premier volume en français, anthologique, vient de paraître :


Nous y reviendrons.

“L’ex-magicien” de Murilo Rubião, par Sérgio Milliet

Le livre inégal de Murilo Rubião (O ex-mágico — Editora Universal — Rio, 1947), hésitant dans sa réalisation technique et artistique, et qui rappelle par trop les expériences de 1922, contient, toutefois, quelques nouvelles intéressantes dont l’une, au moins, est délicieuse : celle qui donne son titre au volume. Délicieuse et profonde. Voilà un magicien qui en a assez de faire des tours de magie. Il devient fonctionnaire public et quand, pour justifier d’une stabilité qui n’est pas la sienne, il décide de faire le grand tour de magie, lequel lui permettra de tirer de sa poche un titre de nomination de plus de dix ans, il n’arrive à rien. Il a perdu le don de la magie, écrasé par la bureaucratie et par l’amour malheureux qui l’a maintenu si longtemps attaché à son emploi. Ce n’est qu’alors que le magicien comprend ce qu’il aurait pu réaliser grâce à ses talents de sorcier : « arracher de son corps des mouchoirs rouges, bleus, blancs, noirs ; remplir la nuit de feux d’artifice ; dresser son visage vers le ciel et laisser sortir d’entre ses lèvres le plus grand arc-en-ciel jamais vu. Un arc-en-ciel qui irait d’un bout à l’autre du monde et recouvrirait tous les hommes », réaliser la poésie, en somme, une poésie pour les vieux et les enfants, ceux que les autres séductions du monde n’attirent plus et ceux dont les sens sont encore vierges.
Tout le passé du magicien avait été une manifestation de pouvoir, mais de sa force créatrice il n’avait tiré que le minimum concret, lapins, pigeons, crayons, bonbons. Et avoir à portée de mains ces choses vulgaires l’avait ennuyé jusqu’au désir du suicide. Il n’avait pas vu que c’est dans la création de la beauté désintéressée que se trouvait le salut.
La nouvelle de M. Murilo Rubião n’a peut-être pas des intentions philosophiques aussi transcendantes. Peu importe. Comme toute œuvre d’art véritable, elle permet à qui cherche à entrer dans son intimité, une grande latitude d’interprétation. Mais ses nouvelles ne sont pas toujours aussi accessibles. D’autres, comme « La maison du tournesol rouge », se déroulent dans une atmosphère de surréalisme presque impénétrable. Alors c’est la richesse d’imagination de l’auteur qui nous émeut, c’est le caractère gratuit de sa littérature qui nous enchante. Ce sont parfois des petits poèmes en prose, des rêveries sans lien apparent, des images détachées dont le flux est rompu de temps à autre par de violentes absurdités qui sont comme les avertissements d’une pudeur rétive au sentimentalisme menaçant. Cette peur de la banalité mièvre, de la confession personnelle, est une des caractéristiques de la poséie des nouvelles générations, que les poètes écrivent en prose ou en vers. Mais l’attitude de contrôle permanent et de défiance ne peut être toujours maintenue. Alors s’élève lentement une vague d’angoisse, une marée montante qui submerge tout et qui provoque les accents d’un désespoir d’autant plus dense que réfréné, d’autant plus intense que dépourvu des valvules d’échappement pour les explosions lyriques.
La nouvelle intitulée « Marina, l’intouchable » commence sur cette image convaincante : « Avant que j’aie le temps d’ouvrir la fenêtre et de crier au secours, le silence m’enveloppa complètement. » Poursuivre sur ce ton-là eût été s’abandonner, se rendre peut-être ridicule en ces temps de dérision et de démoralisation. Que la blague intervienne, donc, le paradoxe, que la confusion règne à la surface des eaux, éloignant les intelligences malicieuses, capables de décrire dans tous leurs détails les plus complexes processus psychologiques et sociaux, car mieux vaut passer pour un fou, enfermé dans son hermétisme, que pour un idiot… Les irrépressibles sollicitations de l’angoisse, de l’ennui, de la mélancolie, de l’amour insatisfait, de l’insolubilité dans le monde faux, apparaîtront sous la forme agressive de la suggestion vague, de l’allusion ésotérique, et alors les rôles seront inversés, c’est le bourgeois qui aura peur du mystère, et qui se manifestera « dans les journaux » pour dénoncer « l’œil de Moscou ».
J’aimerais que M. Murilo Rubião ait donné à son livre de nouvelles un titre un tout petit peu différent. Non pas L’ex-magicien, mais Le magicien, car sa prose est bien celle d’un de ces types qui broient la montre du spectateur dans un verre et, quand on découvre le récipient, il en sort un pigeon-voyageur avec une lettre de la bien-aimée dans le bec. Il arrive que le spectateur ne sache que faire de cette lettre, il ne comprend pas et demande, prosaïquement, qu’on lui rende sa montre…

Trad. A. C.

Source : O Estado de S. Paulo, 3 décembre 1947, p. 6.

*
N. B.
 : Cet article de notre cher Sérgio Milliet (1898-1966), poète, écrivain et critique issu de la génération moderniste de 1922, accompagnait la publication du premier des sept recueils de nouvelles de Murilo Rubião (1916-1991), dont le premier volume en français, anthologique, vient de paraître :


Nous y reviendrons.

2 août 2021

Alcântara Machado sur America Nostra / Nos Amériques

Dans les « Chroniques » du blog America Nostra / Nos Amériques, ce 2 août, Christian Roinat évoque notre cher António de Alcântara Machado et les nouvelles de Brás, Bexiga et Barra Funda, en mettant en avant « deux façons de lire cet ouvrage »

Ça se passe par ici.



25 juillet 2021

L’Alamblog devise sur Alcântara Machado

Non content d’avoir semé l’inquiétude dans le petit monde du livre, au printemps dernier, en alertant tout un chacun de l’apparition alors imminente de L’oncle d’Amérique (lire l’épatant billet du 20 avril), Éric Dussert alias le Préfet maritime a eu le bon goût de lire Brás, Bexiga etc. d’Alcântara Machado, et le chic d’en rendre compte derechef sur L’Alamblog, dans la catégorie « Les vrais coupe-faim », ce 24 juillet.

Cet intelligent billet tout plein de rapprochements inspirants se lit par ici, et la conclusion est sans appel : « Les nouvelles du volume, annotées avec gourmandise par le traducteur-éditeur, démontrent qu’on avait tort d’ignorer ce Brás, Bexiga et Barra Funda, informations de São Paulo, une pièce remarquable de la littérature du siècle dernier. »

20 juillet 2021

En vogue

Vous voulez du roman prolétarien ? dans une veine féministe ? et du monde entier ?
En voici :


(De gauche à droite et par ordre de première publication en langue française :)


(N. B. : Ces trois livres, en dépit de ressemblances parfois frappantes, n’ont pas reçu le même accueil lors de leur parution en français. Rien n’est perdu pour qui sait tirer les bons fils. Des fois qu’un(e) libraire inspiré(e) voudrait faire une table thématique...)

À propos de Tarsila

À lire sur Diacritik depuis le 19 juillet, 5e volet de la série « Peintresses en France » : « Tarsila do Amaral : star de l’art brésilien », une évocation par Carine Chichereau de la vie et l'œuvre de notre chère Tarsila, figure majeure du mouvement moderniste, auteure par exemple de la mythique couverture et des illustrations de Bois Brésil, le recueil de poèmes de son époux Oswald de Andrade dont nous donnions en 2010 une édition française — laquelle apparaît pour illustrer cet article en ligne, sans autre référence, et dont une nouvelle version revue et corrigée est en préparation.

14 juillet 2021

Le Matricule zoome sur Alcântara Machado

Dans Le Matricule des anges (n°225, juillet-août 2021), l’attentif Guillaume Contré propose en page 13 un beau « Zoom » sur Brás, Bexiga et Barra Funda d’António de Alcântara Machado, premier volume paru chez L’oncle d’Amérique.

Et fichtre, « on attend déjà la suite » !



11 juillet 2021

Pagu affole (encore) les libraires

« Pagu pourrait être l’une des narratrices des récits de Clarice Lispector. »
C’est ainsi qu’à la librairie Archa des Carmes (23 rue des Carmes, Arles), on définit notre si chère Patrícia Galvão (Pagu), entre autres belles réflexions à propos de son autobiographie Matérialisme & zones érogènes (éd. Le Temps des Cerises, 2019), publiée pour faire suite au roman Parc industriel (idem, 2015).
L’article, diffusé en mai dernier dans une newsletter de la librairie, peut se lire sur la page Facebook de l’Archa des Carmes (par ici).
Les vrais bons livres ne sont jamais des « nouveautés » en librairie, ce sont toujours déjà des ouvrages de fonds. Ils espèrent leurs lecteurs, et les trouvent. La preuve.