RIO DE JANEIRO
par
Oliverio Girondo
La ville imite, dans le
carton, une ville de porphyre.
Des caravanes de
montagnes campent dans les environs.
Le « Pain de Sucre »
suffit à napper de sirop toute la baie….. Le « Pain de Sucre » et son
téléphérique, qui va perdre l’équilibre faute d’une ombrelle de papier.
Avec leurs faces
peinturlurées, les constructions sautent les unes par-dessus les autres et quand elles sont
en-haut, elles redoublent d'ardeur, pour que les palmiers leur donnent un coup de
plumeau sur le crâne.
Le soleil ramollit l’asphalte
et les fesses des femmes, fait mûrir les poires de l’électricité, souffre un
crépuscule, sur les boutons d’opale que les hommes utilisent jusque pour fermer
leur braguette.
Sept fois par jour, on
arrose les rues avec de l’eau de jasmin !
Il y a de vieux arbres
pédérastes, fleuris de roses thé ; et de vieux arbres qui avalent les
gamins qui jouent à l’arc sur les promenades. Des fruits qui en tombant font un
trou énorme sur le trottoir ; des noirs qui ont des peaux de tabac, les
paumes des mains faites de corail, et des sourires insolents de pastèque.
Pour seulement quatre
cents mil-réis on commande un café, qui parfume tout un quartier de la ville pendant
dix minutes.
RIO DE JANEIRO, NOVEMBRE 1920.
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