9 mars 2019

Scandaleuse Pagu

Un nouveau chapitre mouvementé dans l’histoire d’une communiste
Les prouesses insensées d’une écrivaine — Un meeting qui n’a pu se tenir à Santos a donné lieu à un échange de tirs serrés

L’écrivaine Patrícia
São Paulo, le 25 (De la succursale du Diário da Noite) — Un nouvel incident communiste est venu mettre en évidence le nom de l’intellectuelle Patrícia Galvão, une femme au tempérament remuant qui s’est rendue célèbre à São Paulo comme apologiste du désordre.
S’éloignant de la sensibilité d’une femme qui défend les causes de la bonté et de la justice, en protégeant la sérénité et l’équilibre social par la force de sa raison, Mme Pagu, ainsi qu’on appelle également cette écrivaine, s’est à plusieurs reprises associée aux communistes par des prouesses insensées.
On commente encore, par exemple, l’incident que l’on a pu observer, récemment, entre les étudiants de São Paulo, Mme Pagu et l’écrivain Oswald de Andrade.
D’autres antécédents et des faits ultérieurs sont venus démontrer l’étrange volupté de cette femme qui, quoique fraîche et délicate au physique, ne craint pas d’affronter les batailles de coin de rue, où les échanges de tirs font jaillir le sang humain.
À présent nous parvient, dans une dépêche de Santos, un nouveau chapitre mouvementé dans l’histoire de cette ennemie des institutions.

Un désordre communiste
À Santos, la Fédération Syndicale a distribué, le 23 courant, des prospectus annonçant la tenue d’un meeting promu par le Secours Rouge International, section de Santos, afin de célébrer la mémoire de Sacco et Vanzetti.
Le meeting devait se tenir à 19h30 du même jour, place de la République.
La police locale, s’agissant de communisme et, aussi, en application de l’arrêté interdisant la tenue de réunions sur la place publique sans l’autorisation des autorités, a dépêché sur les lieux plusieurs inspecteurs chargés d’empêcher la manifestation prévue.

Mme Pagu en scène
Dix minutes environ avant l’heure fixée, se sont formés des groupes de travailleurs parmi lesquels on pouvait voir Mme Patrícia Galvão, intellectuelle connue, et d’autres personnes tenues pour des éléments communistes. Les inspecteurs se sont approchés du groupe le plus important et ont fait savoir que l’ordre était donné d’empêcher le meeting, celui-ci n’étant pas autorisé par la police.

Désobéissance aux forces de l’ordre et échange de tirs
Entre les manifestants et les policiers s’est engagée une discussion qui, ensuite, allait dégénérer en conflit. On a brandi des cannes, des barres de fer sont apparues, il y a eu des cris de protestation, tandis que s’installait une énorme confusion. On a bientôt entendu des tirs d’armes à feu.
L’un des inspecteurs a été aussitôt mis hors d’état de combattre. Un autre laissait voir sa main gauche ensanglantée, car il avait été touché par une balle de révolver ; malgré cela, tenant une arme de la main droite, il maintenait à distance un groupe de manifestants qui tentaient de l’attaquer. À ce moment-là est apparu le capitaine commandant du détachement de la Force publique de la ville, qui a désarmé l’inspecteur et a fait comprendre aux assaillants qu’ils ne pouvaient plus mettre la main sur cet homme.

Le calme rétabli, plusieurs personnes se trouvaient blessées
Sur ces entrefaites arrivait sur la place de la République un piquet de cavalerie, qui a dispersé les groupes et a obtenu le rétablissement de l’ordre.
La police a effectué trois arrestations : celle de Mme Pagu, de l’ouvrière Guiomar Gonçalves et celle de Herculano de Souza, un travailleur dans le café, désigné comme l’auteur des blessures infligées à l’un des inspecteurs. Herculano était armé d’une barre de fer. Les trois personnes arrêtées ont été placées sous les verrous. D’après ce que nous avons entendu, Herculano a été blessé par balle.
Les inspecteurs blessés sont Anastacio Silva et Sebastião Raul. Anastacio, présentant de graves blessures aux deux bras et sur d’autres parties du corps, produites par un objet contondant, en bois ou en fer, a été hospitalisé à la Santa Casa, dans un état grave. L’inspecteur Sebastião Raul a eu le majeur de la main gauche traversé par une balle.
Au bout d’un certain temps, l’ordre a été complètement rétabli.
Au commissariat régional, une enquête a été ouverte autour des événements. La police a saisi un drapeau rouge que portaient les manifestants.

Trad. A. C.

Source :
« Mais um capítulo aventuroso para a história de uma comunista » (texte anonyme)
Diário da Noite, Rio de Janeiro, n°583, mardi 25 août 1931, 2e édition (18h), p. 1 et 2
(Photo et légende d’origine.)

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