Nous avons reçu du poète « moderniste » mexicain Manuel Maples Arce une série de poèmes rassemblés sous le titre extravagant de Poèmes interdits (?). Ce recueil de vers (car c’est ainsi que le poète veut nous présenter sa prose) justifie tout ce que nous avons toujours pensé de l’absurdité d’un art d’avant-garde dont l’unique audace est d’autoriser la bêtise en littérature. Nous publions ci-dessous un poème du poète mexicain, non sans quelques commentaires :
T. S. F. (Télégraphie
sans fil, un fameux titre pour un poème).
Sur le précipice
nocturne du silence (Il serait curieux de voir un précipice du
silence).
les étoiles lancent
leurs programmes, (C’est comique, on voit déjà les étoiles habillées
en colombines avec leurs gants noirs lancer des programmes de Pagliacci — à on
ne sait qui).
et dans l’audion (audion
à l’endroit pas plus qu’à l’envers n’est un mot espagnol) inverse
du songe,
se perdent les paroles
oubliées. (Ce
qui se perd s’oublie).
T. S. F.
des pas
enfoncés
dans l’ombre
vide des jardins.
Le cadran
de la lune mercurielle
a aboyé l’heure aux quatre
horizons. (waou ! waoua !, dit la pauvre lune aux
quatre horizons en tirant leur montre de poche).
La solitude
est un balcon
ouvert sur la nuit. (Où il est expliqué que la « solitude » n’est pas « un lieu
désert » mais un balcon. Merci).
Où est donc le nid
de cette chanson mécanique ? (Nulle part, oh jeune poëte !)
Les antennes
insomniaques du souvenir
recueillent
les messages
sans fil
de quelque adieu
effiloché. (On aimerait voir les antennes en manque de sommeil
et à quoi ressemblent les adieux effilochés).
Femmes naufragées
qui ont confondu les
directions
transatlantiques ;
(Les naufragés en général ne se trompent pas par plaisir).
et les voix
de détresse
comme des fleurs (Nous
n’avions jamais pensé que les voix fussent comparables à des fleurs ni surtout
qu’elles puissent éclater)
éclatent dans les fils
des pentagrammes
internationaux.
Mon cœur
suffoque dans la
distance.
Maintenant c’est le Jazz-Band
de New York ;
ce sont les ports
synchroniques
fleuris de vice
et la propulsion des
moteurs. (Ces vers
sont si profonds qu’il est impossible de les commenter).
Asile de Hertz, de
Marconi, de Edison ! (et de Manuel Maples Arce).
Le cerveau phonétique
mélange (Le cerveau mélange et distribue les cartes).
la perspective
accidentelle
des langues.
Hallo !
Une étoile d’or
est tombée
dans la mer. (?) (Quel dommage pour l’étoile et quelle bonne nouvelle que
ces vers soient terminés !)
Parisina,
Espejo de las elegancias parisienses,
Revista artistico-literaria mensual
(Paris)
(directeur-propriétaire : C. D. Battemberg ;
rédacteur en chef : León Pacheco)
n°17, 15 décembre 1927
p. 22, « Los libros » (rubrique non signée)
(Trad. A. C.)
N.B. : Le poème « T.S.F. »
— incontestable fleuron de la poésie stridentiste de Maples Arce — ainsi que le
recueil Poèmes
interdits figurent en traduction
française dans le volume Stridentisme ! publié par Le Temps des Cerises en 2013.
Le même Maples Arce trône
actuellement dans un beau tableau exposé au Grand Palais.
Qu’on se le dise, & qu’on
lise !
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