À l’occasion des festivités de la Flip dédiée cette année à Oswald de Andrade, est paru au Brésil, dans le journal Valor Econômico (8-10 juillet 2011, supplément « Fim de semana », p.24), un petit article de Mônica Cristina Corrêa qui se fait l’écho de la récente édition, en France, de l'ouvrage Bois Brésil (Poésie et Manifeste).
Nous en donnons la traduction.
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Oswald et la présence du Brésil à l’étranger
Mônica Cristina Corrêa
Pour Valor, de Paris
[Traduit du portugais.]
[Traduit du portugais.]
À la 9ème Festa Literária Internacional de Paraty (Flip), qui se tient jusqu’à dimanche, trois volets sont promus par la Câmara Brasileira do Livro (CBL) dans le but d’actualiser un débat : la répercussion de la littérature brésilienne à l’étranger. Ces thèmes et discussions semblent être à l’ordre du jour, alors que l’écrivain à l’honneur de cette édition de la Flip, le consacré Oswald de Andrade (1890-1954), représentait récemment encore une lacune dans les traductions en France, par exemple, pays où fut publié pour la première fois, en 1924 [sic ; 1925], Pau Brasil. Si l’on considère qu’il y avait aussi, dans la « brésilianité » d’Oswald, le projet de faire découvrir notre pays à l’étranger, il s’agit là d’un phénomène éditorial surprenant et ironique.
Une élite culturelle brésilienne, dans les années 1920, circulait à Paris, et Oswald, en compagnie de la peintre Tarsila do Amaral, comptait parmi les artistes. La découverte de ce groupe choisi par le poète franco-suisse Blaise Cendrars permit une certaine reconnaissance, à l’époque, du travail des avant-gardistes brésiliens. C’est à Cendrars, d’ailleurs, qu’Oswald allait dédier la première édition de Pau Brasil. Le projet de transcender les frontières pour montrer un Brésil moins exotique et doué de traits propres se trouve dans la poésie oswaldienne, qui ne manquait pas d’audace.
Néanmoins, la publication d’abord française de son œuvre et l’absence d’une traduction complète de Pau Brasil (il n’y avait jusqu’alors que des poèmes en anthologies) ont fini par constituer un épisode à part dans l’histoire des relations littéraires franco-brésiliennes.
De fait, il aura fallu attendre l’initiative d’un jeune chercheur français, Antoine Chareyre, qui est arrivé à Oswald de Andrade par l’intermédiaire de Cendrars, objet de ses travaux. Pareille découverte l’a amené à publier, pour la première fois en France, la traduction de Pau Brasil (aux Éditions de la Différence), l’année dernière. Avec une longue préface, Chareyre offre au lecteur français la compréhension d’un poète brésilien majeur, mais qu’il considère d’un avant-gardisme universel. « En mettant de côté l’image du Brésil [celle que travaillent et véhiculent les poèmes de Pau Brasil ; NdT], l’œuvre mérite d’être reçue comme un legs à évaluer en tant que patrimoine poétique universel, qui dialogue avec d’autres voix de la poésie moderne. Ce serait une réduction de ne parler que de sa brésilianité, bien que celle-ci fût pleinement assumée et promue par l’auteur », a déclaré le traducteur dans un entretien pour Valor, à Paris.
Fruit d’un voyage au Brésil et d’un travail de plus de deux années de recherche, Bois Brésil est une édition bilingue fort soignée. Les notes finales aident aussi à la compréhension d’un contexte qui date déjà de près d’un siècle. La vision est celle d’un chercheur en littérature spécialiste des avant-gardes. Si Chareyre a comblé une lacune inexplicable dans la littérature brésilienne traduite en France, son interprétation de l’œuvre va au-delà, ainsi qu’il l’affirme : « La question est de savoir si Oswald est pour nous un Brésilien qui écrivit de la poésie, ou un poète qui fut brésilien. » La réponse dépendra, sans aucun doute, des (re)lectures que son travail propose, en même temps qu’il impose une réflexion opportune sur la réception de notre littérature outre-Atlantique.
Mônica Cristina Corrêa est docteur en langue et littérature française à l’Universidade de São Paulo.
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