10 mars 2011

Dans la presse française 3

Brève recension, encore, du volume Bois Brésil d’Oswald de Andrade, par Franck Adani dans la revue Études, n°414/3 de ce mois de mars (p.410).
Transcription :

« C’est de Paris, dans les années vingt, qu’Oswald de Andrade (1890-1954) conçoit le projet de poésie Bois Brésil, développé dans le recueil et le manifeste du même nom. Il est alors, aux côtés de Mário de Andrade, un des fondateurs – et le prophète et le trublion – du Modernisme brésilien, mouvement qui vise à doter le pays d’une identité culturelle et artistique, à lui donner une place pleine et entière dans le concert poétique des nations. Ce qu’Oswald de Andrade, de son propre aveu, rapporte de la France, c’est le Brésil, mais un Brésil réinventé, tropicalisé, affranchi de la tutelle de toutes les rhétoriques d’importation. L’idée est simple et géniale : inverser le rapport entre le centre et la périphérie, assimiler voire dépasser les avant-gardes européennes, accoucher d’une authentique poésie brésilienne, qui de plus est envisagée comme une poésie d’exportation, à l’image du bois-brésil, cet arbre à la sève couleur de braise, qui fut la première richesse exportée de la colonie. Cela passe par une transcription poétique des textes relatant la découverte et la colonisation du Brésil, par la relecture de l’histoire officielle, par le détournement des clichés nationaux, par le pastiche et la recréation parodique de tous les discours ambiants. La forme et le fond sont, comme dans toute vraie révolution poétique, en parfaite adéquation. Les poèmes brefs, elliptiques, quasi épigrammatiques, mêlent prosaïsmes, parler populaire, flashes et fragments de discours publicitaires, en une esthétique du collage évoquant Cendrars ou l’Apollinaire de "Zone" ; et font voir, au-delà de tout exotisme, ce que c’est que "voir avec des yeux libres".»

(Franck Adani)

(Source du texte, en ligne : http://www.revue-etudes.com/Litterature/Bois_Bresil/40/13642)

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