1922 ? Ce que c’est,
une dizaine d’années, dans l’histoire des livres et des idées… Manifestes,
tribunes, revues, livres et plaquettes, tendances, groupes d’influence,
disputes, polémiques ; malgré tout, la consécration d’un état d’esprit
collectif, d’un mouvement de génération, le dit « modernisme »… Puis
le feu de joie de l’Anthropophagie, autour d’Oswald de Andrade, en 1928-1929 ;
dissensions personnelles, esthétiques ou idéologiques au sein des groupes
modernistes de São Paulo et de Rio de Janeiro : Oswald se fâche avec Mário
de Andrade, avec Paulo Prado, avec tout le monde (ou presque), divorce de
Tarsila et épouse Pagu… Et puis la politique : crise économique de 1929 ;
coup d’État de Getúlio Vargas en 1930, gouvernement provisoire et résolution de
la crise de régime par la voie autoritaire ; persécution des communistes, l’opposant
Luis Carlos Prestes en exil ; montée du fascisme autour de l’Intégralisme
de Plínio Salgado ; révolution constitutionnaliste manquée en 1932…
On est loin désormais du
moment « futuriste », de l’avant-garde triomphante et mondaine de la
Semaine d’Art Moderne, festival organisé au Théâtre Municipal de São Paulo en
février 1922, sous l’égide du philosophe et académicien Graça Aranha ;
loin de la confidentielle revue Klaxon (1922)
et des idéaux esthétiques d’un petit groupe de poètes et d’artistes issus de
l’élite socio-économique ; loin de l’explosion poétique de Pauliceia
desvairada (1922) de Mário de Andrade ou
de la « poésie d’exportation » Pau Brasil (1925) d’Oswald de Andrade, du couple « Tarsiwald »,
incarnation même de l’esprit moderniste. Parmi ceux-là, toute une phalange a
viré à gauche, au communisme ou tout comme ; pas tous, et certains tiennent
même très bien leur droite. Pour les premiers, les plus « avancés », c’est
le moment non seulement d’un bilan, mais d’une liquidation, largement engagée
déjà dans les pages de la Revista de Antropofagia, et d’une radicalisation dont témoigne bellement le journal
politico-satirique O Homem do Povo
qu’animent brièvement, en 1931, Oswald de Andrade et Patrícia Galvão, dite Pagu.
Et voilà que paraissent en
1933, successivement, le premier
roman prolétarien brésilien, Parque industrial de Pagu (sous le
pseudonyme Mara Lobo), le roman Serafim Ponte Grande d’Oswald de Andrade, ultime produit de ses années de bohème
avant-gardiste, mais précédé d’une préface de circonstance en forme
d’autocritique, puis Cacau, le
premier roman social de Jorge Amado… On passe pour ainsi dire d’une révolution
de la littérature à une littérature de la révolution, selon des modalités
diverses, et diversement commentées. On délaisse Marinetti pour Karl Marx…
Pendant ce temps, un Geraldo Ferraz (1905-1979), jeune
journaliste passé d’ailleurs par la Revista de Antropofagia (secrétaire de rédaction de la « 2e dentition »,
en 1929) et occasionnellement par O Homem do Povo, assume à São Paulo la rédaction en chef d’O Homem Livre (22
numéros de mai 1933 à février 1934), un journal de la gauche antifasciste.
Il y donne notamment une
série de chroniques sur le récent mouvement littéraire. Sanction de l’historique
indifférence ou de la cécité politique des littérateurs brésiliens, mise en
cause de la jeune génération de l’avant-veille, identification d’une veine
sociale ou révolutionnaire qui se fait attendre, réception de toute
une littérature prolétarienne en provenance de l’étranger, impératifs idéologiques et injonctions à l'engagement, redéfinitions, discriminations, « directions »… Ce
petit feuilleton critique constitue ainsi une source documentaire irremplaçable
pour saisir un moment particulier de l’histoire littéraire et culturelle
brésilienne, ce tournant entre le modernisme des années 1920 et le roman social
des années 1930, pour le dire très simplement. Il nous vient, qui plus est,
d’un proche de Pagu qui avait déjà signé, au début de l’année, la toute
première recension de Parque industrial (voir la traduction française de cet article), et qui était appelé à occuper le
premier plan de sa biographie, puisqu’elle devait l’épouser en 1940, à sa
sortie de prison, cosignant avec lui son second roman, la fiction
anticommuniste A Famosa revista,
en 1945, tout en frayant un temps avec le groupe trotskiste de Mário Pedrosa,
pour passer avec lui le restant de sa vie.
En redonnant, dans
l’immédiat en portugais, cette série de quatre articles tirés des archives, Bois Brésil & Cie entend saluer à sa façon l’imminente
reparution du roman de Pagu, Parque industrial, dans une nouvelle édition brésilienne qui promet de faire date…
2018 ?
2018 ?
A. C.
* * *
Diretrizes
A
literatura brasileira teve um periodo agudo de dentição quando a Semana de Arte
Moderna de S. Paulo andou fazendo alarde de leituras dos modernistas francêses
e italianos.
Mas
Graça Aranha já era. Parece mesmo um caso de precocidade esse caso de Graça
Aranha na literatura brasileira. O palavriado desbordante do escritor de Canaan cheio de subt’lêsas dificeis, fez
acreditar num « espirito moderno » tão vago como o « espirito
revolucionario » de certos revolucionarios que nós bem conhecemos. A dentição
da literatura brasileira entretanto, ficou na primeira infancia. Alguns foram
adeante, e o reduzido grupo da antropofagia andou devorando os ultimos tabus.
Mário de Andrade e Guilherme de Almeida, o prosador insigne e o poeta maximo,
se desviaram com engulhos da refrega de discussão que Oswaldo de Andrade, Raul
Bopp e Oswaldo Costa dirigiam. Nunca Mário de Andrade e Guilherme de Almeida
poderiam entrar no treino violento do barulho antropofágico. Um deveria acabar
na Academia de Letras vestindo bordados, e outro « ouvindo musica »,
como escreveu Di Cavalcanti, e arrematando males…
*
* *
Esta
questão literária no Brasil precisa de ser esclarecida. No grande parque de
bananeiras e preguiça, os plumitivos se maravilham com a escachoante
atrapalhada de Coelho Neto, a fulgurancia de Gustavo Barroso e a erudição dos
Zevacos (Paulo Setubal, Viriato Corrêa, Menotti del Picchia, João Francinha e
que tais).
Se
foi o tempo da novéla de costume de Aluizio Azevedo. Mas ficaram os males.
Ficou o gôso da sacanagem de Macunaima,
e esse acanalhamento pesado de Yan de Almeida Prado nos Tres Sargentos. Até o Parque
Industrial se póde dizer que sofreu essa angustia de desabafo.
Ninguem,
porém teve coragem de traçar a diretriz adoptada. Apenas no nosso passado ha
uma reminiscencia do prefacio de Historias
e Sonhos em que Lima Barreto toma posição no sentido humano do entendimento
universal. A sua « literatura XXX militante » fica na expressão
evangelica da maior compreensão dos homens, no mundo em que se guerreiam
japonêses ferozes e brancos nacionalistas.
O
modernismo literário do Brasil deu mais um az de sua graça no ultimo sabado,
quando inaugurando a exposição de arte do Rio, no estudio do fotografo Nicolas,
Renato Almeida inventou de ler o seu « toque de sentido » que é uma
derivação da saudade do escritor Graça Aranha e uma estreitinha diretriz de
criação de coisa moderna. Resume-a a frase : « A expressão espirito
moderno será entendida sempre segundo o criterio de relatividade do tempo,
significando as ideias avançadas em literatura e arte ».
As
« idéas avançadas em literatura e arte » !
Antonio
de Alcantara Machado, ainda na semana que acabou disse que é preciso se
definir. Mas se definir mesmo.
Diretrizes
perante os acontecimentos, e diretrizes não só « modernas », mas de
posição de combate, ao lado desta ou daquela ideologia que estão governando o
mundo, diretrizes firmes a favor ou contra Hitler, o Papa e Moscou.
E
dai ?
É
que a literatura precisa assumir o caráter de intervencão ativa nos
acontecimentos de seu tempo. Essa será a literatura moderna, no amplo sentido
de interesse humano e atual.
Como
realizá-la ?
Geraldo Ferraz.
Texte
original (graphie non actualisée) tiré de :
O Homem Livre, São Paulo
1e
année, n° 6, 2 juillet 1933
rubrique
« Literatura », p. 3
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