12 novembre 2018

Curiosité

Rare preuve* du passage du poète guatémaltèque parmi nous.
Sous vos applaudissements.
Prochainement, des preuves plus tangibles en librairie.


* En page de garde d’un exemplaire de Maelstrom (Films telescopiados), prologue de Ramón Gómez de la Serna, Paris, Editorial Excelsior, 1926.


Traduction française à paraître :

Maelström précédé de Luna-Park
choix & établissement des textes, traduction de l’espagnol (Guatemala),
notes, dossier, postface & bibliographie par Antoine Chareyre
Éditions Grèges (Octon), ca. juin 2019

6 novembre 2018

Petite chronique du mouvement international des livres & des idées

Quand un livre est enfin véritablement en bonne voie d’aboutissement (présomption), on range quelques papiers et on retrouve des choses étranges, risibles ou émouvantes.
Mais on n’est ni Gilbert Sorrentino ni Bernard Hœpffner, et on ne publie pas Mulligan stew/Salmigondis.
Alors, pour ceux qu’inquiètent les questions de réception et pour l’édification des générations futures, voici une brève compilation typologique des lettres de refus essuyées par le traducteur du poète guatémaltèque :

L’expéditif :

« malheureusement non ! »

Le négociant en gros :

« J’ai feuilleté les textes que vous m’avez envoyés : c’est bien, mais je ne crois pas que j’arriverai à les vendre à plus de 100 personnes. »

Le zinzin :

« Nous vous remercions pour votre proposition, mais nous ne pensons pas être le bon éditeur pour un tel projet, car :
« 1) Nous ne connaissons pas du tout ce poète, et n’avions même jamais entendu son nom.
« 2) Nous ne croyons pas à la traduction de la poésie. Chaque fois, c’est raté. Il faut apprendre les langues !
« 3) Nous critiquons tous ces éditueurs qui ne se repaissent que de morts : La Barque, Bourgois, Allia, etc. etc. Or, il y a plein de vivants, en France ou même en Belgique ou au Luxembourg, qui crèvent littéralement de n’être pas publiés. Aussi, soyons bibliques (Nouveau Testament), et laissons les morts avec les morts !... (Bourgois & Co.)
« Nous sommes fous... soit, mais nous sommes vivants ! »

La porte étroite :

« Je ne suis pas aussi convaincu que vous l’êtes quant à l’opportunité de publier Cardoza y Aragón. Certes, ce que vous avez eu l’obligeance de me faire parvenir démontre à l’envi des qualités de poète et informe utilement et “bellement” sur la création d’une esthétique, tout en la mettant en œuvre. Ce qui n’est certainement pas rien. Mais, à sa lecture, mon sentiment est qu’elle n’offre pas réellement d’intérêt autre que documentaire. Elle documente un moment esthétique et/ou politique (dans leurs acceptions les plus larges) mais sans, aujourd’hui, pouvoir “vivre d’elle-même” indépendamment de cet ancrage temporel. Cela n’est par exemple pas le cas d’un auteur comme Asturias, dont la poésie (sa “prose” ne me paraît pas développer les mêmes qualités) reste magnifiquement originale et lisible sans qu’on doive la ramener à un contexte de quelque ordre soit-il.
« Entendons-nous bien : je conçois parfaitement qu’une édition de ses œuvres puisse revêtir une importance. Mais, à mon sens, uniquement au regard de ce dont elle montre être la trace ou les linéaments. En dehors de son contexte (auquel elle rend d’ailleurs souvent joliment grâce), cette poésie ne me convainc pas car elle n’est aucunement originale. Existent déjà, en français ou non, et à foison, des tentatives bien plus abouties de cet ordre.
« […] en tant qu’éditeur […] mon objectif, riche d’une connaissance extrêmement large de la littérature passée et contemporaine, est de proposer à la lecture des textes qui enrichissent la pratique dans laquelle ils s’inscrivent. Force m’est de reconnaître qu’ici, ce n’est nullement le cas. Et de vous en faire part. »

Sur ce dernier refus, le seul à dire vrai qui témoigne d’une véritable conscience éditoriale et intellectuelle, il y aurait bien à redire, mais convenons qu’il est de la plus extrême rareté de recevoir un compte rendu de lecture aussi avisé et circonstancié ; il y a là, pour le moins, un débat de fond.
Les éditeurs (ou « éditueurs », comme dit l’autre ?) qui se reconnaîtraient éventuellement dans ces missives anonym(is)ées voudront bien n’en point prendre ombrage. Ce n’est pas tellement une question de personnes, mais de système.
Un système qui loue volontiers ces « passeurs » que sont les traducteurs, ces tâcherons en vérité, mais dont la légèreté ou l’indifférence, ou tout simplement les lacunes objectives à l’endroit de certaines littératures étrangères déjà patrimoniales, ont de quoi laisser pantois. Du coup notre ignorance bée et les lacunes à combler demeurent incommensurables.
Que ces mêmes éditeurs, avec quelques autres, soient sincèrement remerciés d’avoir du moins considéré une proposition spontanée et d’y avoir répondu (ne serait-ce que par une lettre-type), quand tant d’autres, pourtant triés sur le volet, n’ont jamais pris la peine de lui apporter la moindre réponse.

4 novembre 2018

Les couvertures de l'avant-garde hispano-américaine (de Paris)


Luis Cardoza y Aragón
[Guatemala, 1901 – Mexique, 1992]
Maelstrom
(Films telescopiados)
Prólogo de Ramón Gómez de la Serna
Paris, Editorial Excelsior (27, quai de la Tournelle), 1926
11×18 cm, 117 p.

Ouvrage sorti de l’imprimerie des éditions Excelsior, Paris, 1926 ; sans justification de tirage. [4 éditions successives]


Traduction française à paraître :

Maelström précédé de Luna-Park
choix & établissement des textes, traduction de l'espagnol (Guatemala),
notes, dossier, postface & bibliographie par Antoine Chareyre
Éditions Grèges (Octon), ca. juin 2019