18 juin 2019

La presse se déchaîne pour Pagu

Et c’est au tour de Michael Löwy (lui-même) de saluer comme il se doit l’étonnante autobiographie de Patrícia Galvão (Pagu), Matérialisme & zones érogènes.
Intitulé « Pagu, une communiste rebelle », l’article se lit dans Les Lettres françaises, nouvelle série, n°6 (172) de juin 2019, en page 9.


(On n’oublie pas qu’en 2010/2011, c’est aussi dans les Lettres françaises qu’avait paru, signée par Françoise Han, la toute première recension du tout premier livre du même traducteur. Il s’agissait du célébrissime recueil Bois Brésil d’Oswald de Andrade, poète moderniste que les lecteurs français redécouvrent à présent comme le compagnon de lutte et l’époux atypique de la jeune Pagu…)

11 juin 2019

La presse se déchaîne pour Pagu

Et voici, ma foi, un très bel article, précis, attentif, intelligent, sur Matérialisme & zones érogènes, l’autobiographie de Patrícia Galvão (Pagu).
Fichtrement bien intitulé « La Belle et le Parti », il est signé par Odile Hunoult dans le n°81 d’En attendant Nadeau (en ligne). Bravo !

(Il est toujours réjouissant pour le traducteur, mais surtout stimulant, intellectuellement, de voir — sans sy attendre — un critique suivre ainsi un auteur dont l’introduction en France n’a rien d’évident, mais qui vaut le détour. Frédérique Guétat-Liviani avait déjà remis le couvert, et de belle manière, sur Sitaudis.fr. D’Odile Hunoult, rappelons donc la sublimissime recension du roman Parc industriel, en pleine page de La Quinzaine littéraire en septembre 2015...)

9 juin 2019

Serafín Delmar & Magda Portal - Le droit de tuer (3/15)

Le vent
(M. Portal)

Il était une fois le xxe siècle.
Les aéroplanes, les automobiles, les rayons X, la radio, la divination de pensée, déconcertant le sens de la Vie, créaient une nouvelle logique, sur l’illogique. Apparaissaient Einstein, Spengler, Curie, Voronoff
Le Christ observait depuis sa retraite spirituelle. Les papyrus de la vieille Égypte, les plongeurs de ses yeux n’y fouillaient plus. Les hommes, ces pygmées, en savaient plus que Prométhée le voleur du lumineux secret
Il faisait tourner la boule du monde entre ses doigts de misanthrope céleste, comme une nouvelle fois la conscience des hommes-enfants, pour pétrir la première révolution d’amour. Et il se brûlait les mains sur la guerre européenne
Soudain, sur la tache blanche de la Russie, coulaient des fleuves de larmes, comme pour faire fondre la Sibérie. Et du globe tout entier s’élevaient les vapeurs de l’angoisse, provoquant en lui le vertige des abîmes
Le Christ se fit enfant et descendit
Mais il descendit dans le ventre d’une belle bourgeoise qui ne connaissait rien d’autre que les devoirs de la femme — l’obéissance et la reproduction de l’espèce — et dont l’époux portait les signes distinctifs des assassins impunis : les galons militaires. Et il descendit sans mémoire. Grande vertu des créateurs
Ce fut un bel enfant, bien soigné, et il aida même son père à cracher au visage d’un homme du peuple après avoir bafoué sa dignité. Mais soudain dans les yeux de l’homme s’allumèrent deux lames de poignard pour crier : militaires ! vous finirez par tomber
Et dans le cœur du Christ de huit ans s’éveilla sachka jégouliov.
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« Les frères de la forêt », étrange confrérie de jeunes gens, fils de notables familles du pays. Les crasseux, les haillonneux dont le nom faisait trembler les bourgeois et qui avaient pour habitude de décorer hebdomadairement l’horizon de rouge, quand les crépuscules étaient déjà morts. Les frères de la forêt, qui avaient les arbres pour maisons, et qui concluaient leurs fêtes, après s’être juré d’en finir avec les exploiteurs du peuple, en pleurant au son des balalaïkas naïves comme des enfants
Aurore des révolutions.
Les appels de Dostoïevski, Andreïev, Gorki, se répercutaient jusque dans l’âme des loups des steppes sibériennes, et plus loin, en Chine. Et plus loin encore, en AMÉRIQUE.
L’enfant pâle et dépenaillé, dont la vie avait été semée de cadavres comme d’énormes iris rouges, et dont la réputation sanguinaire se répandait à travers le monde, fut conduit à l’échafaud comme un monstre enragé, par son père. Mais Sachka Jégouliov poussa depuis les racines de la terre, se multipliant jusque là où les chiffres n’arrivent plus. Sachka n’était pas mort ; dans toutes les confréries vengeresses son nom ondoyait en un cri rouge
Les despotismes d’Europe commencèrent à hurler comme des chiens devant les visions d’outre-vie. Sachka Jégouliov tel un fantôme aux dimensions incommensurables s’interposait devant le soleil, et plongeait les hommes dans l’obscurité
Devenu vent il secouait de son onde révolutionnaire les cheveux des étudiants qui dès lors sacrifiaient leur vie, leurs aspirations, leur jeunesse, pour s’offrir à la cause libertaire. Devenu moelle, il parcourait l’épine dorsale des hommes ployée sous l’humiliation, et la redressait jusqu’à la stature de la dignité
Sachka Jégouliov chemina parmi tous les hommes de la Russie de la Liberté. Et il souffla son haleine chaude. Comme un bain électrique, les Hommes se mirent en mouvement. Dans l’air du monde s’insinuait une marseillaise de joie
Mais comme tous les Sachka étaient morts dans les millions de cadavres de la guerre européenne et de la révolution russe, le Christ s’incarna en LÉNINE
Sa compagne, pâle et agitée de grands pressentiments, le poussait à la lutte avec plus d’ardeur. Durant des nuits entières d’insomnies destructrices et constructrices, ils saisissaient les piques de la liberté et démolissaient les palais, où l’on commençait à ériger les ciments de la Conscience libre. Et comme dans l’appel d’Andreïev ou dans les voix de Jeanne d’Arc, il sentait la nouveauté merveilleuse d’un visage nouveau sur le corps du monde. Et il souriait, comme une mère devant l’enfant qui vient de naître.
Le Christ dans la cène sans Judas distribuait à tous les ouvriers du Progrès le pain de la Liberté et le vin de la joie. Les commissaires du travail lui serraient la main. Leurs têtes étaient couvertes, mais dans leurs yeux souriaient les larmes
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À Leningrad se trouve la tombe du Christ. Depuis les plates-formes les vents peuvent entendre les voix des prédicateurs libertaires
La tête du Christ sourit car le rêve qu’il a fait il y a de cela vingt siècles connaît depuis peu sa brûlante et merveilleuse culmination
Mais ce sont les HOMMES qui lui préparèrent le chemin.

Serafín Delmar & Magda Portal - Le droit de tuer (2/15)

Le super-cosmopolitisme de mon ami
(S. Delmar)

Un jour il se trouva par surprise sur le boulevard Montmartre à côté de Joseph Delteil dans le meeting de protestation organisé par les ouvriers des usines de Paris contre l’abus du parlement qui visait à mettre en esclavage la liberté de l’homme marocain et quand les anarchistes en profitèrent pour lancer des bombes sur le palais et jeter des pierres sur le président
Prosper né de cette foule échauffée regardait de ses yeux de feu le va-et-vient des autos — en tapant dans le dos des omnibus, il faisait danser ses doigts sur la tête des impériales et découvrit le crâne d’un jeune Sud-Américain qui fumait tout le crépuscule de Jamaïque
Prosper — j’ignorais comment il s’appelait — était comme l’un de ces bolides qui se présentent au hasard — citoyen du monde — enfant de putain — qui sait !
Sa voix s’éveilla à vingt ans, né au même âge il crachait des insultes contre le siècle tout entier et giflait les entrailles de la vieille Europe qui a peur de l’Amérique qui tend ses bras de poulpe vers l’Univers
Il est aujourd’hui le seul homme libre sans origine, dans l’absolue ignorance de la vie, mais il croit que c’est un film cinématographique tourné en Allemagne pendant la guerre et avec le concours des Zeppelins
Un après-midi d’hiver alors que la neige poudrait le visage de la ville et que le brouillard parfumait ses lèvres paresseuses où se suicident les cris d’effroi que sifflent les canalisations de la misère — il fit une grande découverte, en tirant de l’un de ses cubes cérébraux un poème qui chauffa les pôles et enthousiasma l’équateur — Tous les ateliers crièrent comme pressés par une sonnette tandis qu’ondoyait la fumée de leurs drapeaux
Ce jeune homme à la chevelure provinciale était un poète — sans aucun doute un homme complet — Il embarqua ses inquiétudes dans quelque port pour l’Amérique à la légende dorée, aux espoirs de pomme et aux rires de perroquets sous le soleil du tropique, portant des valises remplies d’illusions et un rare cinétisme de projets. Dans sa mallette il y en avait un intéressant qui piaillait comme un oiseau : La théorie relativiste selon laquelle l’homme fait ce qu’il peut et non ce qu’il veut
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Combien de rires il emmagasina sur son visage quand à bord il écrivit sur la mer ses meilleurs poèmes qu’il effaça avec les vagues vertes et mousseuses du temps, mais il lui reste encore le souvenir de l’émotion qui lui remplissait les poches de tous les hymnes que l’horizon offre aux marins — Oui — celui-là venait tel un timonier lâchant les filets de ses yeux sur la face bleue du panorama où il avait bu plus d’une fois le cognac de l’audace
Il navigua 30 jours sur son navire marchand plein de sauces et de fromages pour New York — là — sur l’avenue Broadway où le plus cosmopolite des voyageurs se voit piétiné par tous les moteurs, où le plus yankee fait crier ses cinq sens pour passer à travers le gélatineux quartier de têtes humaines avec des haut-parleurs et des yeux ruisselants d’essence — Là Prosper noyé sous les gratte-ciel et asphyxié par les réclames courut avec les chevaux Ford à la recherche de Carl Sandburg, avec qui il avait correspondu antérieurement, mais le poète à la pipe éternelle (on dit qu’il est né avec) était au lit occupé à mettre au monde un petit poème de Whitman avec l’assistance de l’obstétricienne miss Amy Lowell — Prosper ne savait pas parler anglais et pensait dans son langage inventé par l’homme qui naît à vingt ans — le plus beau et le plus synthétique que les humains ne sont pas parvenus à comprendre jusqu’à l’apostropher timidement : « Monsieur l’Ambassadeur de Mars »
Cet étrange voleur de métaphores poursuivi par toute la police de l’Académie passa par le pays des Aztèques en tentant d’échapper à la manifestation que lui préparaient une légion de pirates ; parmi eux Maples Arce, Kyn Taniya, Cardoza y Aragón, jusqu’à arriver à Panama — nombril du monde — le canal qu’il avait vu il y a 205 ans en même temps que les submersibles et les automobiles qui volaient
Lui, qui depuis les écluses avait vu se dresser un pont de fer aux frontières d’Europe pour que passent les fils électriques — avait vu aussi les hommes d’aujourd’hui de la taille de la Tour Eiffel, mais les hommes sont 3 centimètres plus petits que lui
Entre ses mains passaient toutes les lignes radiotélégraphiques de la planète — à travers son cerveau — station réceptrice des pensées, vociféraient les journaux les plus importants, ses yeux étaient l’écran des rapides et il arriva avec les portes ouvertes de son âme au Pérou
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Le crépuscule teinté semblait soutenir le quai surveillé par la police. La mer — c’était une mer d’oiseaux et de poissons où flottaient les cadavres gonflés
Des nuées de sang s’échappaient du port qui sentait la matrice pourrie — Les chiens aux langues enflammées traînaient les viscères des ouvriers à travers les rues asphaltées de feu — Les cadavres gonflés comme des navires en cale sèche embarquaient les oiseaux affamés comme les femmes qui se mangeaient les coudes dans les recoins aigus et profonds de la nuit où le gémissement des balles perfora la tempe du silence
Les soldats en patrouille sentaient le cimetière à découvert avec leur habit et leurs chaussures collés au corps, mais crachant la mort sur tous les anarchistes de la Révolution sociale
Le vent traînait des vagues de putréfaction et les enfants disaient adieu à leurs parents sur le pas des portes blessées par la faim — Juste une larme dans les yeux de ces braves enfants
Les patrouilles fantômes scintillaient de leurs baïonnettes, marquant des pas macabres qui résonnaient plus fort dans le creux de la nuit
Par les gorges de quelques rues se hissaient des vivats à la révolution — les tirs s’égrenaient comme d’un enfer et des drapeaux de poudre asphyxiaient la lumière des étoiles
De toute part on voyait des hommes traînés et étranglés, courageusement dignes — les intestins emmêlés dans les pattes des chevaux que montaient les esclaves
Trois jours et la ville sentait la chair humaine en putréfaction — un vent jaune et violet sortait des cadavres étendus
Cinq jours — moururent les chevaux, les chiens et les oiseaux qui picoraient les yeux des corps empoisonnés — Les soldats tombaient en crachant du sang, avec des yeux qui semblaient des lanternes rouges
Deux mois — trois mois — Les squelettes dans les rues servaient de tranchées — Des meutes de chiens étranges et enragés hurlaient désespérément dans la campagne — Depuis les montagnes descendaient les oiseaux carnivores avec leurs becs sanguinolents — Des caravanes de microbes chevauchaient les nuages qui se réfugiaient dans la peste qui visitait un village après l’autre
Les hospices fermèrent leurs portes — La peste envahit les maisons — La ville se squelettifiait dans une couleur vert pâle — Les usines furent paralysées par manque d’hommes — On construisait de nouveaux cimetières
Dans ce terrible désespoir de sang, de sang, de sang, triompha la révolution et le drapeau rouge fut hissé sur les Andes
Des brouettes où tintaient des os passaient dans les rues en direction de la mer — Ce fut la seule fois que mon ami ressentit de la joie dans la vie — et il embrassa le peuple péruvien comme il avait embrassé le peuple russe. En abandonnant un bout de son âme il s’en fut errer comme tous ceux qui n’ont ni patrie ni foyer parmi les peuples d’Amérique, rêvant éveillé à travers les yeux de la LIBERTÉ.

Serafín Delmar & Magda Portal - Le droit de tuer (1/15)

Les hommes de la mer
(S. Delmar)

Tous les marins hurlaient à la nuit comme s’ils avaient des chiens déchirés dans l’âme —
Le sifflement du vent fouillait la proue, où j’abandonnai mes yeux — là se tordirent les ombres du jour pendues par l’horizon — De funéraires sentinelles passaient sur le pont guidées par le froid de l’Est.
La mer dormait comme le vieux capitaine, rêvant aux collines de la côte où les gamins pressent les seins de l’aube pour s’accrocher comme des poulpes affamés et sucer le venin de la misère
Le transatlantique avançait à 16 milles dans une fatigue de continents et une torpeur d’océan
Les travailleurs poitrines découvertes attisaient les fours ardents — les moteurs — comme un cerveau — se désespéraient cinétisés dans la sueur des hommes couverts de bitume — Là, les forts ! — Les hommes ! avec un sourire jaune et les bras cosmiques dynamisaient les hélices
Ah, les forts — ils défilaient à minuit comme des spectres vivants dans les coursives indécises vers leurs cabines abandonnées où la mort veille dans des hymnes de fièvre — simulant la joie dans le whisky de contrebande.
Le capitaine dormait — Dans l’ivresse tous les marins avec leur sauvage exigence sexuelle changeaient de sexe en maudissant la vie, jusqu’à mordre les bouteilles dans des crispations de fauves et mâcher le verre dans une colère que protégeaient leurs larmes
Dans le hall ceux de Wall Street s’amusaient avec le champagne et les serpentins se faisaient des sourires colorés
La joie du dancing se donnait la mort devant les portes avant de sortir — les rires éclataient dans les verres de cristal comme des bulles de savon —
La musique expirait sa dernière note tandis que les couples défilaient vers leurs cabines avec des éclairs d’amour dans le corps —
— La musique décorait le spectacle
Dehors le froid caressait les marins jusqu’au sang. Les mâts se lamentaient dans un silence qui réclamait le bleu —
La NUIT dormait dans les sentines en incrustant des idées chez les marins pleins de solitude, de douleur, de misère, de vice
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Dans le salon les privilégiés, les bourgeois, balançaient leur enthousiasme dans les bras des femmes dont les poitrines dressées invitaient à retomber en enfance — Les hommes blonds aux yeux de fer et à l’intelligence de dollar chassaient de leurs arcs ivres tous les regards
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La nuit frémissait entre les mains des marins qui brandissaient des poings serrés devant leurs faces noircies — De là naquit la haine et la vengeance culbutée par l’angoisse
Une seule voix s’éveilla et dressés comme les mâts il coula de leurs yeux des étincelles rouges qui leur incendièrent le cerveau — De leurs cavernes les hommes sortaient à demi nus la poitrine battant comme un ressort
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— Les hommes se regardaient en s’avalant les uns les autres
Les hommes comme mus par une force électrique — éructant des blasphèmes qui faisaient rougir la brise — se précipitèrent tous dans le salon, la bouche rouge avec les éclats de verre incrustés dans la mâchoire
Se balançait, dans la dépression de leurs yeux qui brillaient jusqu’à produire le frisson, la peste
Comme une bande de mendiants ils regardaient vieillis par la rage le salon pulvérisé de lumière et de rires
Certains demandaient de la liqueur — Soudain la musique se suicida
Les femmes couraient désespérément vers leurs cabines — Un marin aux mains mates tranchait le cou d’un grand gentleman en frac avec un bout de verre difforme qui grinçait dans la gorge
L’homme se débattait entre les jambes comme une vague — Le sang gicla comme d’un jet d’eau à la bouche du marin qui le savoura plein de rage
Les cris coupaient la nuit — à peine sortaient-ils qu’ils allaient s’enterrer dans la mer
Les hommes faces désormais grimaçantes traînaient au bout de leurs cordes, sur le sol ciré comme un miroir cynique qui nous fait voir l’âme inversée, les têtes tranchées sur les fers — et les hommes criaient comme une meute de loups sur la scène délicatement décorée par les mains ensanglantées qui appelaient à l’aide
Plus loin — les femmes se noyaient dans leurs larmes, protégeant leurs enfants contre leurs seins effrayés, mais les hommes, ces hommes aux yeux dilatés et aux mains ensanglantées s’agenouillèrent devant les mères qui se tordaient comme une pelote, s’arrachant les cheveux qui volaient comme des serpents —
Les enfants regardaient d’un air étrange, accrochés aux seins, les marins qui riaient la mâchoire étranglée et enfoncée dans la face
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L’aube épiait craintivement par les vitres — Au lever du jour le capitaine était mort