Tandis que l’on
parle tant & plus de retraduction des classiques, les mêmes, toujours les
mêmes, arpentons donc les terrains vagues & cultivons la diversité, chérissons
aussi la rareté que rien n’indique à un facile commerce & débusquons même
les hapax éditoriaux !
Avec ce roman d’Arqueles Vela, par exemple.
1927-1977 : pendant 50 ans inédit en espagnol & jamais repris. 2027 :
bel horizon pour une traduction française...
…il n’y a pas de protagonistes ;
mais des antagonistes…
Le manuscrit introuvable
Avertissement
C’est la première fois
qu’un livre posthume — le livre que l’on écrit après la mort, selon la
définition transcrite dans le manuscrit introuvable — est publié en toute
logique, car, conformément à ses préceptes, l’homme meurt plus d’une fois au
cours de son existence…
Ainsi, le texte que nous
offrons à présent fut commencé à Mexico, en 1925, quand le grand maître et
philologue Pablo González Casanova, à qui l’on racontait la réalité de l’un des
chapitres, suggéra à l’auteur d’en composer l’histoire complète, et c’est ainsi
que débuta l’histoire…
Cette année-là, l’auteur,
bousculé par des vicissitudes sentimentales, se sentit forcé de voyager, et
comme, selon le vieil apophtegme, voyager c’est mourir un peu… l’auteur mourut
un peu…
Par la suite, à Madrid, en
1927, rue Velázquez, n° 4, studio de Ramón Gómez de la Serna,
durant une discussion avec Marichalar, Benjamín Jarnés, Maroto, le grand
inventeur des greguerías dit : —
« Nous savons ce qu’il ne faut pas faire en matière de roman… Antonio
Espina, dans Pájaro pinto, et
Arqueles Vela, dans El intransferible,
défrichent la voie… »
Ainsi, El intransferible devait être publié à
Madrid… mais, parce qu’il appartenait à la bande républicaine du Café Saboya,
aux côtés de Valle-Inclán, García Lorca, Martín Luis Guzmán, Ortega, l’auteur,
expulsé d’Espagne, entreprit un autre voyage et mourut, encore une fois, un
peu… Ensuite, à Paris, à l’Ambassade du Mexique, à la fin d’une lecture de El intransferible devant Alfonso
Reyes — alors ambassadeur —, Carlos Pellicer, Germán Cueto, Manuel M. Ponce et
Miguel Ángel Asturias, les éditions París-América s’offrirent de le publier.
Mais… tandis que l’on corrigeait les épreuves de la première édition, l’auteur,
démis de son poste de correspondant à la Revista
de Revistas et à Jueves de Excélsior
par J. M. Durán y Casahonda, qui venait de prendre en charge la gérance du
groupe de presse qui éditait les hebdomadaires cités, dépourvu de tout autre
moyen de subsistance et de séjour, comme un autre condamné aux périples,
abandonna Montmartre et La Rotonde, se lançant dans un autre voyage vers
l’Allemagne et de nouveaux horizons inconnus… et mourut encore un peu…
À la fin de son moratoire
sentimental, de retour à Mexico, quand l’un de ses plus grands amis éditeurs
lui annonça que s’il publiait El intransferible,
non seulement il irait en prison avec l’auteur, mais que l’on détruirait ses
biens jusqu’à la cinquième génération, l’idée de jeter l’œuvre en pâture au public
fut ajournée…
Mais voilà qu’un groupe d’enthousiastes jeunes gens, fondateurs des éditions Gama, décide de l’envoyer à
l’imprimerie, courant le même risque que l’auteur… et la fait imprimer comme le
roman posthume du stridentisme, cinquante ans après qu’elle a été écrite.
A.
V.
Trad. de « Prenunciación »
préf. d’Arqueles Vela [1899-1977]
à El intransferible
(La novela inédita del estridentismo)
Mexico, Editorial Gama, 1977, 157 p.
(achevé d’imprimer le
15 août 1977, tiré à 3000 ex.)
Première et unique édition en espagnol.
Traduction française en préparation, pour l’éditeur inconnu.
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