Haroldo
de Campos
De la raison anthropophage
et autres textes
Traduction
du portugais (Brésil)
et
préface d’Inês Oseki-Dépré
Nous
(Caen), coll. « Now », 2018
139 p.,
18€
Présentation de l’éditeur :
Ce
volume rassemble un choix de textes théoriques d’Haroldo de Campos, jusqu’ici
inédits en français. Aussi incisifs que novateurs, ils témoignent de la
virtuosité analytique de l’auteur brésilien, qui a fait de lui le grand
interlocuteur de l’avant-garde sud-américaine, que ce soit pour la poésie, pour
la musique ou pour les arts plastiques.
Dans
ces textes, parmi les plus emblématiques d’Haroldo de Campos, il est question
notamment de l’« anthropophagie » — définie comme « dévoration
critique du legs culturel universel », comme processus « cannibale »
assumé, rendant possible un rapport renouvelé, non asservi, de la culture
brésilienne et sud-américaine à la tradition occidentale. Mais aussi de la
traduction comme création à part entière et fidélité à la forme ; d’art aléatoire
et de modernité comme « invention d’une tradition » ; ou encore
de la « poésie concrète » (qui s’étend, dans les analyses de Campos,
de Homère à Dante, de Mallarmé à Pessoa…) comme limite extrême de la poésie,
poésie « pour », poésie de l’à-présent…
Haroldo
de Campos (1929-2003) :
poète
et critique brésilien, traducteur d’Homère, de Joyce, de Mallarmé et de Dante, co-fondateur
du groupe et de la revue Noigandres
avec son frère Augusto, il fut l’un des initiateurs de la poésie concrète
brésilienne. Il est l’un des poètes et essayistes les plus connus d’Amérique du
sud. Ses travaux critiques, érudits et inventifs, prennent source dans son
activité de poète et de traducteur et en sont inséparables.
*
Le commentaire de Bois
Brésil & Cie :
Cet
ouvrage — symboliquement « achevé d’imprimer le 11 janvier, jour de la naissance d’Oswald
de Andrade » — réunit 5 articles préfacés et annotés par la traductrice, dont
tous ne sont pas strictement inédits en français. « De la traduction comme
création et comme critique » [tiré d’un ouvrage de 1962] a paru dans la
revue Change en 1972. « L’art
sur l’horizon du probable » [tiré d’un ouvrage de 1969] était encore
inédit. Le texte éponyme, « De la raison anthropophage : dialogue et
différence dans la culture brésilienne » [tiré d’une revue de 1981] a paru
dans Lettre internationale en 1989. « Translucifération »
[tiré d’un ouvrage de 1981] a paru dans Ex
en 1985. « Poésie et modernité : de la notion de l’art à la
constellation. Le poème post-utopique » [tiré d’un ouvrage de 1997] a paru
dans Banana Split en 1985.
Quant
à savoir pourquoi il aura fallu si longtemps pour voir ces quelques textes
essentiels réunis en volume, et pourquoi la production théorique et critique de
Haroldo de Campos — une contribution majeure et toujours suggestive à la
théorie littéraire moderne — n’est pas davantage traduite en français, c’est
une question que je laisse pour d’autres occasions polémiques.
Ceux
qui n’en auraient pas assez pourront aussi se reporter sur le petit volume Une poétique de la radicalité (Essai sur la
poésie d’Oswald de Andrade) (trad. d’A. Chareyre, Les Presses du réel, coll. « L’écart absolu », 2010), traduction autonome de la longue préface,
restée fameuse, à l’œuvre poétique d’Oswald de Andrade (Bois Brésil, etc.) qui fut une source d’inspiration centrale chez
Haroldo de Campos — en témoigne le titre ici retenu.
On
peut aussi consulter la note de lecture consacrée à ce nouvel ouvrage, par Marc
Blanchet, sur le site Poezibao en date du 20 mars 2018.
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