Quelle est la plus
grande
des poétesses brésiliennes ?
Concours organisé par O Malho
auprès de 250
intellectuels brésiliens résidant à Rio de Janeiro
Dépouillement final :
Gilka Machado 100
Maria Eugênia Celso 41
Rosalina C. Lisbôa 11
Carmen Cinira 10
Anna Amelia C. de
Mendonça 10
Patrícia Galvão (Pagu) 7
Cecília Meirelles 6
Henriqueta Lisbôa 3
Lia Corrêa Dutra 1
Leda Rios 1
Hildeth Favilla 1
Else Machado 1
Heloisa Bezerra 1
Elza Araripe Milanez 1
Eneida 1
Ide Blumenschein (Colombina) 1
Palmyra Wanderley 1
(O Malho du 18 mars 1933.)
[Ont voté pour Pagu :
Garcia de Rezende, Danton Jobin, Ary Pavão, Martins Castello, Arnon de Mello,
Ricardo Pinto et Aníbal Machado.]
Justification de Jorge
Amado
Gilka Machado est sans
nul doute la plus grande poétesse brésilienne. Si elle n’existait pas, j’hésiterais
entre Eneida et Pagu.
(O Malho du 17 décembre 1932.)
Justification de Garcia
de Rezende
Je vote pour Pagu pour
une raison fondamentale : parce qu’elle a foudroyé anthropophagiquement le
vieil et indigne sentiment poétique, dans un pays où l’on confond poésie et
lubricité. Cela fut un acte de bravoure.
(O Malho du 17 décembre 1932.)
Justification d’Ary Pavão
En débutant sa section « Panorama » dans le Diário Carioca [du 16 décembre], Ary Pavão a publié la justification qui
suit, pour son vote hors-concours, que nous ne pouvons qu’avoir le plaisir de
transcrire :
Je vote pour Pagu. J’ai
envoyé, hier, mon vote pour le concours ouvert par O Malho, par lequel on cherche à élire la plus grande poétesse du Brésil,
et dans le corps électoral duquel j’ai été qualifié et enrôlé ex officio — suivant les schémas observés
par les nouveaux règlements que Dieu Notre Seigneur a instaurés pour faciliter l’exercice
de notre débutante démocratie.
J’ai voté pour Pagu, en
hommage à la jeune intelligence de notre pays et à l’unique et authentique
expression du féminisme national.
* * *
Patrícia Galvão — Pagu —
est apparue un jour, à São Paulo, en empoignant le milieu artistique du grand
État de son esprit révolutionnaire d’écrivaine. Ses vers apportaient un parfum
de sève jeune et une chaleur inconnue de modernité.
Car — par-dessus tout —
Pagu était belle ; et une poétesse laide, c’est comme entendre la plus
douce mélodie exécutée par l’orgue-de-barbarie de l’homme au perroquet qui lit
la bonne aventure dans les rues des faubourgs.
Dans le journalisme de
São Paulo, Pagu a fait les quatre cents coups… Elle a suscité des polémiques, a
provoqué des scandales, a tiré des coups de révolver, a pris des coups dans le
dos, comme n’importe quel voyou du Morro da Mangueira — et, un jour, elle est
sortie de la rédaction entre deux rangées de policiers et de bourgeois
révoltés.
C’est ainsi que je
comprends le Féminisme, d’où mon admiration pour Pagu.
Le
féminisme qui veut les profits du sexe masculin, qui nous prend nos postes avec
l’argument imparable d’une paire de jambes hallucinantes, mais qui ne voyage
pas sur le marche-pied du tram et ne prend pas les armes, comme l’a rappelé à la
bonne heure l’esprit malicieux du général Góes Monteiro — cela n’est pas le Féminisme
— c’est un emmerdement.
Le jour
où toutes les femmes adeptes du nouveau credo se présenteront avec le courage
et la sincérité de Pagu, alors, oui.
J’admettrai
que les hommes soient relégués au plan peu agréable qui consiste à changer les
couches et à donner le biberon aux bébés... ou à quelque chose de bien pire —
si Notre Dame de la Parturition n’a pas pitié de nous.
(O Malho du 31 décembre 1932.)
(Extraits de l’enquête-feuilleton « Qual
a maior das poetisas brasileiras ? »,
O Malho (Rio de Janeiro), décembre 1932 – mars 1933.)
Dans le texte : photo
de Pagu inséré dans O Malho du 28
janvier 1933.
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