Le label phonographique
Festa, d’illustre mémoire, fondé à Rio de Janeiro, en 1955, par Irineu Garcia
(1920-1984), lançait en 1958 ce qui devait être le dernier disque de sa fameuse
collection « Poesia[s] », laquelle accueillit en studio un total de 24 poètes
brésiliens issus de trois générations successives, depuis le mouvement
moderniste des années 1920 jusqu’aux figures plus contemporaines.
Ce
volume XIII de la collection (LPP013), sous une pochette illustrée par
Fernando Lemos et avec un texte de présentation de Luís Martins, était partagé comme
à l’accoutumée par deux poètes, en l’occurrence Sérgio Milliet (face A) et
Manuel Bandeira (face B), ce dernier ayant déjà inauguré la collection (et
tout bonnement le catalogue Festa) trois ans plus tôt, en s’octroyant la face A d’un
disque dédié aussi à Carlos Drummond de Andrade.
Loin de
la popularité de ces deux sommités de la poésie brésilienne, Sérgio Milliet
était devenu, depuis la haute époque de l’avant-garde moderniste, un essayiste
et critique d’art et de littérature plutôt influent, l’auteur notamment d’un Diário crítico publié en 10 volumes
de 1944 à 1959, et avait quelque peu relégué au second plan la création
poétique, son apport à l’évolution de la poésie brésilienne ayant toujours été,
du reste, assez discrètement remarqué.
Il faut croire toutefois qu’il jouissait
encore, dans les années 1950, d’une certaine notoriété à ce titre. Il n’avait d’ailleurs
pas cessé de faire paraître, de temps à autre, de nouveaux textes dans le
genre, creusant un sillon discret et singulier, à l’ombre des grandes voix de l’époque,
et ce sont justement des poèmes tardifs qu’il lut alors devant le micro : « Paisagem
italiana », « Longitudes », « Que nada recorde nada »,
« O morto », « Bem da gente », « O mar
outrora », « Lembrança », « Tristeza », « Vazio »,
« Sob o signo da virgem » et « Inverno suiço ».
(L’enregistrement
de « Que nada recorde nada » fut par ailleurs repris, par le même
label, sur Poetas do Brasil (Antologia,
vol. I) (IG49007), un disque intégralement constitué par des titres de
la collection « Poesias » et lancé en 1968 avec un texte de
présentation d’Irineu Garcia.)
Par leur
ton ou leurs thèmes, ces poèmes ne sont pas sans rappeler certaines compositions
des années 1920, que l’on peut lire en français dans le volume Poèmes modernistes et autres écrits (Anthologie
1921-1932) (La Nerthe, 2010). On eût aimé entendre le timbre de voix, l’humeur
du jeune poète qui bataillait alors aux côtés de Mário de Andrade, Oswald de
Andrade et les autres, et même l’accent de celui qui écrivit d’abord ses vers en
français. Mais il s’agit là, sauf erreur, du seul enregistrement connu de la
voix de Sérgio Milliet.
(Source
de la vidéo : chaîne YouTube de Selo Festa Irineu Garcia.)
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