Un nouveau chapitre
mouvementé dans l’histoire d’une communiste
Les prouesses insensées
d’une écrivaine — Un meeting qui n’a pu se tenir à Santos a donné lieu à un
échange de tirs serrés
L’écrivaine Patrícia |
São
Paulo, le 25 (De la succursale du Diário
da Noite) — Un nouvel incident communiste est venu mettre en évidence le
nom de l’intellectuelle Patrícia Galvão, une femme au tempérament remuant qui s’est
rendue célèbre à São Paulo comme apologiste du désordre.
S’éloignant
de la sensibilité d’une femme qui défend les causes de la bonté et de la
justice, en protégeant la sérénité et l’équilibre social par la force de sa
raison, Mme Pagu, ainsi qu’on appelle également cette écrivaine, s’est à
plusieurs reprises associée aux communistes par des prouesses insensées.
On
commente encore, par exemple, l’incident que l’on a pu observer, récemment,
entre les étudiants de São Paulo, Mme Pagu et l’écrivain Oswald de
Andrade.
D’autres
antécédents et des faits ultérieurs sont venus démontrer l’étrange volupté de
cette femme qui, quoique fraîche et délicate au physique, ne craint pas d’affronter
les batailles de coin de rue, où les échanges de tirs font jaillir le sang
humain.
À
présent nous parvient, dans une dépêche de Santos, un nouveau chapitre
mouvementé dans l’histoire de cette ennemie des institutions.
Un désordre communiste
À
Santos, la Fédération Syndicale a distribué, le 23 courant, des prospectus
annonçant la tenue d’un meeting promu par le Secours Rouge International,
section de Santos, afin de célébrer la mémoire de Sacco et Vanzetti.
Le
meeting devait se tenir à 19h30 du même jour, place de la République.
La
police locale, s’agissant de communisme et, aussi, en application de l’arrêté
interdisant la tenue de réunions sur la place publique sans l’autorisation des
autorités, a dépêché sur les lieux plusieurs inspecteurs chargés d’empêcher la
manifestation prévue.
Mme Pagu en scène
Dix
minutes environ avant l’heure fixée, se sont formés des groupes de travailleurs
parmi lesquels on pouvait voir Mme Patrícia Galvão, intellectuelle connue,
et d’autres personnes tenues pour des éléments communistes. Les inspecteurs se
sont approchés du groupe le plus important et ont fait savoir que l’ordre était
donné d’empêcher le meeting, celui-ci n’étant pas autorisé par la police.
Désobéissance aux forces
de l’ordre et échange de tirs
Entre
les manifestants et les policiers s’est engagée une discussion qui, ensuite,
allait dégénérer en conflit. On a brandi des cannes, des barres de fer sont
apparues, il y a eu des cris de protestation, tandis que s’installait une
énorme confusion. On a bientôt entendu des tirs d’armes à feu.
L’un
des inspecteurs a été aussitôt mis hors d’état de combattre. Un autre laissait
voir sa main gauche ensanglantée, car il avait été touché par une balle de
révolver ; malgré cela, tenant une arme de la main droite, il maintenait à
distance un groupe de manifestants qui tentaient de l’attaquer. À ce moment-là
est apparu le capitaine commandant du détachement de la Force publique de la
ville, qui a désarmé l’inspecteur et a fait comprendre aux assaillants qu’ils
ne pouvaient plus mettre la main sur cet homme.
Le calme rétabli,
plusieurs personnes se trouvaient blessées
Sur
ces entrefaites arrivait sur la place de la République un piquet de cavalerie,
qui a dispersé les groupes et a obtenu le rétablissement de l’ordre.
La
police a effectué trois arrestations : celle de Mme Pagu, de l’ouvrière
Guiomar Gonçalves et celle de Herculano de Souza, un travailleur dans le café, désigné
comme l’auteur des blessures infligées à l’un des inspecteurs. Herculano était
armé d’une barre de fer. Les trois personnes arrêtées ont été placées sous les
verrous. D’après ce que nous avons entendu, Herculano a été blessé par balle.
Les
inspecteurs blessés sont Anastacio Silva et Sebastião Raul. Anastacio,
présentant de graves blessures aux deux bras et sur d’autres parties du corps,
produites par un objet contondant, en bois ou en fer, a été hospitalisé à la
Santa Casa, dans un état grave. L’inspecteur Sebastião Raul a eu le majeur de
la main gauche traversé par une balle.
Au
bout d’un certain temps, l’ordre a été complètement rétabli.
Au
commissariat régional, une enquête a été ouverte autour des événements. La police
a saisi un drapeau rouge que portaient les manifestants.
Trad.
A. C.
Source :
« Mais
um capítulo aventuroso para a história de uma comunista » (texte anonyme)
Diário da Noite, Rio de Janeiro, n°583, mardi
25 août 1931, 2e édition
(18h), p. 1 et 2
(Photo
et légende d’origine.)
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