Un résumé
pour l’autobiographie de Pagu ?
Le voici, excellemment bouclé par quelque
rédacteur anonyme d’un quotidien de Rio, dès 1936. Tout y est, ou presque.
(L’ouvrage
de Patrícia Galvão (Pagu), Matérialisme & zones érogènes, à paraître aux éditions Le Temps des
Cerises, sera en librairie le 7 mars.)
Visage vert et idées rouges
« Pagu », détenue
à Paraíso, à São Paulo, continue d’alimenter le sensationnalisme de la presse
Pagu, lors de sa récente arrestation, à São Paulo |
São Paulo, le 15
(Correspondance spéciale pour A Nação).
Dona Patrícia Galvão, qui
s’est rendue célèbre sous le pseudonyme « Pagu », est de ces
créatures destinées à rester toujours au centre des attentions.
Prise par la fièvre ou par
le désir d’occuper l’affiche, jolie, jeune, intelligente, mais jugeant ces
qualités insuffisantes pour attirer sur elle la curiosité publique, « Pagu »,
qui appartient à une importante et respectable famille pauliste, est apparue un
beau jour, dans la capitale de São Paulo, toute saupoudrée de poudre de riz
verte et du bâton violet sur les lèvres.
C’est de ce jour que date
la célébrité de « Pagu ».
Se liant, plus tard, à l’écrivain
Oswald de Andrade, communiste déclaré, « Pagu » est devenue une sorte
de Paul de Tarse féminin de la doctrine marxiste et des credos de Moscou. Après
la révolution de 1930, tandis que le général Miguel Costa était secrétaire de
la Sûreté publique de São Paulo, « Pagu » et Oswald, profitant d’une
ambiance favorable, lancèrent un journal incendiaire, O Homem do Povo, dans lequel ils s’en prenaient à tout ce qui
ne sentait pas Lénine, Engels ou Marx. Un jour, la feuille de chou attaqua la
Faculté de Droit, en affirmant qu’il fallait raser la vieille et traditionnelle
école, et en traitant les étudiants d’ânes bâtés et autres épithètes
semblables. Les élèves de la Faculté se rassemblèrent et réagirent, en décidant
de saccager la feuille de chou. Se trouvaient à la rédaction, entre autres,
Oswald et « Pagu ». L’affaire promettait, et le personnel de la rédaction
voulut se mettre à l’abri, en prenant ses jambes à son cou. « Pagu »,
néanmoins », vit dans cet incident une nouvelle occasion de se mettre en
évidence. Et armée d’un révolver, elle fit irruption au sommet des marches. Une
huée fracassante accompagna la spectaculaire apparition.
Il y eut des cris, du
chahut, des fuites et, bientôt, « Pagu » et quelques-uns des
manifestants se trouvaient à la Police centrale, où le général Miguel Costa les
admonestait, suspendant dorénavant la circulation d’O Homem do Povo.
« Pagu », la jeune
femme qui ne se contentait pas d’être simplement jolie, se rendait de plus en
plus célèbre.
À présent, impliquée dans
la question de la conspiration communiste, « Pagu » a été arrêtée et
incarcérée à la prison de Paraíso.
Mais là encore, dans ce
repos imposé, « Pagu » donne de quoi faire aux autorités. De fait, on
vient d’observer un curieux conflit juridictionnel entre l’avocat de la jeune
communiste et le commissaire de l’Ordre Politique et Social, à propos de la
visite de son défenseur à « Pagu ».
L’affaire promet et la
femme à la poudre de riz verte qui prêche des idées rouges est certainement en
train de se frotter les mains, de contentement. Bien sûr ! Elle est encore
une fois sur la sellette…
Trad. A. C.
Source :
« Rosto
verde e ideias vermelhas » (texte anonyme)
A Nação, Rio de Janeiro, 16 février 1936, p. 1 et
4
(Photo et légende d’origine.)
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