Comptes rendus
de
d’Oswald de Andrade
parus dans la presse française & étrangère
« Le Brésil sans fard », par Richard Blin
Le
Matricule des Anges, n°120, février 2011, « Critique/
Poésie », p. 45.
Sorte
de livre-nation, anti-lyrique, Bois Brésil d’Oswald de Andrade
(1890-1954) est pour la première fois traduit en français.
Parmi toutes les aventures poétiques du
siècle dernier, la poésie de Bois Brésil
est l’une des plus frappantes par sa radicalité, et parce qu’elle relève d’un
des épisodes les plus curieux de l’histoire des relations culturelles
franco-brésiliennes.
Poète, romancier et brillant polémiste,
Oswald de Andrade (1890-1954) est le fils unique et prodigue d’une famille de
la haute bourgeoisie de São Paulo, enrichie dans la culture du café et les
affaires immobilières. Grand voyageur, friand d’Europe et de France, il est
l’un des principaux fondateurs du mouvement Moderniste (1922). S’installant à
Paris avec sa nouvelle compagne, le peintre Tarsila do Amaral, pour la durée de
l’année 1923, il fréquente — grâce à Blaise Cendrars — le Tout-Paris d’une
avant-garde artistique et littéraire particulièrement sensible aux sources
émotives et aux origines concrètes de l’art. Il dira n’avoir jamais si bien
senti que « dans l’ambiance de
Paris, l’approche suggestive du tambour nègre et du chant de l’indien ».
Et c’est ainsi qu’au fil des va-et-vient entre São Paulo et Paris va s’inventer
la poésie de Bois Brésil. L’Esprit
Nouveau, dont il est imprégné — mélange d’expressionnisme, de cubisme, de
futurisme, de Dada, d’Apollinaire, et de Cendrars —, il va le tropicaliser, le
déterritorialiser, en faire l’instrument de la redécouverte de la réalité
brésilienne. Et ce, en s’inscrivant à l’intérieur de cette réalité, en
articulant, selon une perspective nouvelle, ce qui fait la spécificité de son
pays : des Brésiliens blancs, rouges et noirs, un pays de cocagne, qui est
aussi une terre de contradictions et de contrastes, et où primitivisme, passé
colonial et modernité se mêlent.
Un pays qui s’est engagé dans un processus d’industrialisation,
et avide de cette modernité qu’Oswald va étendre au ton et à la structure du
poème. D’où son programme de désacralisation de la poésie, sa volonté de
remplacer la poésie brésilienne d’importation (portugaise, française, anglaise)
par une poésie d’exportation, qu’il nommera Bois
Brésil, du nom de cet arbre contenant un colorant rouge-orange et qui fut
la première richesse exportée du Brésil.
Contre la poésie « cachée dans les lianes malicieuses de l’érudition », contre l’exotisme
verbeux, le beau et le bien écrit, l’éloquence et la grandiloquence, Oswald
prône une forme d’innocence. « J’ai
appris avec mon fils de dix ans/ Que la poésie est la découverte/ Des choses
que je n’ai jamais vues ». Une expression synthétique, une
poésie-minute, des poèmes-comprimés. Rejetant le caparaçon métrique et la rime —
procédés obsolètes du passé — au profit d’un vers libre, non ponctué, Oswald
revendique l’instantané et le style télégraphique. Poésie qui procède par
contact direct, sans explication, sans poétisation. La chose et pas l’idée de
la chose. « Bananiers monumentaux/ Mais
au premier plan/ Le chien est plus grand que la petite fille/ Couleur d’or
mat// Les maisons de la vallée/ Sont habitées par les oiseaux matinaux/ Qui crient
au loin ».
Poétique de la visualité, esthétique du
collage, objectivisme anti-lyrique, Bois
Brésil fut publié à Paris, en 1925, illustré par Tarsila do Amaral, et préfacé
par Paulo Prado. Un livre qui donne la préférence au plastique sur le discursif,
qui participe de la nature de l’album illustré, évoque les « photographies verbales » du
Cendrars de Kodak (1921) et des « cartes postales mentales » de Feuilles de route. Un ensemble de poèmes
façonnés en série et qui, comme les cubistes le firent en s’inspirant des
géométries élémentaires de l’art nègre, géométrisent la réalité, proposent une
traversée géographique, historique, sociale du Brésil. Un parcours allant de la
stupeur émerveillée devant la beauté du pays — qui « a la forme d’une harpe », et telle que la rapportent les premières
chroniques de la découverte — jusqu’à la navigation le long des côtes du Nordeste,
en passant par l’évocation sans fard de la vie des esclaves dans les fazendas ou
la culture déchue et oubliée du Minas Gerais.
Un catalogue des beautés nationales et une réhabilitation
d’un idiome libre et décomplexé. « Donne-moi
une cigarette/ Dit la grammaire/ Du professeur et de l'élève/ Et du mulâtre savant//
Mais le bon nègre et le bon blanc/ De la Nation Brésilienne/ Disent tous les
jours/ Laisse faire camarade/ Tu me donnes une cigarette ».
Préfigurant le mouvement anthropophagique lancé
par Oswald en 1928, cette poésie radicale (comme le montre Haroldo de Campos
dans son essai sur la poésie d’O. de Andrade, Une poétique de la radicalité, Les Presses du Réel) deviendra l’emblème
même de l’indépendance culturelle et esthétique du Brésil avant d’être un peu
oubliée, puis redécouverte dans les années 1960, et devenir centrale dans la
formation du concrétisme brésilien.
Compte rendu par Michel Riaudel
Europe, n°985,
mai 2011, « Notes de lecture », p. 379-380.
Avec les livres de Sérgio Milliet, de Luís
Aranha, l’essai d’Haroldo de Campos (1), ce n’est pas une édition que propose
Antoine Chareyre, c’est une salve. Pour sortir les Français de leur
torpeur ? de leur surdité à l’encontre du modernisme brésilien, incompris,
inconnu pendant une cinquantaine d’années, exhumé à la fin des années
soixante-dix, puis retourné progressivement à une indifférence polie,
sporadiquement secouée par quelques activismes ?
Bois
Brésil est l’un des
commencements, l’une des clés de voûte de ces fécondes années vingt. Sans
reprendre la contextualisation fournie par l’abondant appareil critique des
éditions de La Différence, rappelons que le manifeste et les poèmes qui
l’entourent radicalisent les prémices modernistes, rompant avec les académismes
non plus par l’éclat de la Semaine d’art moderne de 1922, mais sur un mode
offensivement candide mêlant fraîcheur et provocation. Le détournement
malicieux et la réappropriation minimaliste de l’histoire coloniale écrite par
les « découvreurs », voyageurs, missionnaires… ; l’art de
l’instantané juxtaposant des réalités explosives, tel le célèbre cheval et sa
charrette interrompant le progrès, la marche du tramway… De la systématisation
de quelques procédés, comme la réduction faussement ingénue, le déboulonnage de
la culture savante par l’oralité familière, enfantine, régionaliste, de la
concomitante d’univers éloignés, antagoniques, naît une poésie qui s’est voulue
d’exportation, mais souffrait du dépaysement.
Elle est de fait difficilement appréciée de
qui ne dispose pas des implicites. Or c’est précisément ce que s’emploie à
éclairer le maître d’œuvre de cette édition au fil de sa préface, des 151 notes
de la préface, de celles non moins abondantes accompagnant la traduction, et
des bibliographies. Par certains aspects, ce travail (promu comme « première édition critique mondiale ! »,
attendant l’intérêt du lecteur français comme du « lecteur et du chercheur brésilien ») témoigne d’une forte
empathie avec son objet, ambitieusement vorace et passionné. N’étaient le sens
de l’ellipse (qui s’accommode mal d’une quête de l’exhaustivité, c’est logique)
et le goût du fragment (tant pis pour les éphémères et superficielles revues et
anthologies, voire les efforts pionniers mais malheureusement incomplets, donc
« réducteurs », de Jacques Thiériot). L’aspiration totalisante
obligera néanmoins le lecteur à compléter la section bibliographique « sur
la poésie d’Oswald, le modernisme, l’avant-garde internationale et Cendrars au
Brésil… » de références signalées ou non en notes (le Cobra Norato de Raul Bopp paru aux éditions MeMo, les nombreuses
traductions de Mário de Andrade, celles de Manuel Bandeira, Drummond de
Andrade, Murilo Mendes, le n°60 de la revue du Collège
international de Philosophie consacré à l’« anthropophagie » oswaldienne (2)
etc.).
Il reste donc à explorer, à interpréter,
dans cet ensemble Pau Brasil et
moderniste, et c’est tant mieux. Cela donne raison à Antoine Chareyre lui-même,
qui souligne l’actualité toujours vivante et intempestive de ces textes. Il
suffit de rappeler qu’au Brésil l’héritage oswaldien a été disputé par des
courants aussi conflictuels que le communiste Ferreira Gullar et le concrétiste
Haroldo de Campos, qu’il a inspiré le bref épisode tropicaliste apparu en 1967
(la mise en scène du Rei da vela
d’Oswald de Andrade par José Celso Martinez Corrêa, les débuts du chanteur
Caetano Veloso brassant icônes nationales, influence anglo-saxonne et culture
de masse…) comme les poètes marginaux, libertaires, cariocas des années
soixante-dix, ou plus récemment la Biennale d’art contemporain de 1998, à São
Paulo, qui a fait date comme « la biennale de l’anthropophagie »…
Cette vitalité tient entre autres à la complexité
de l’œuvre et de l’auteur. La rupture proclamée par les modernistes n’est pas
si étrangère, par certaines facettes, à la démarche de l’indianisme romantique
du XIXe siècle brésilien. Les rapports avec l’Europe (la France,
mais aussi Freud, Keyserling, l’Italie…) sont eux aussi ambivalents, enchevêtrant
arrogance agacée et fascination. Le scandaleux Oswald serait presque méconnaissable
dans des textes comme « La crise de la philosophie messianique », qui
frappent aux portes de l’Université. Tapageur, attachant, génial souvent, il a
suffisamment changé de peau pour ne jamais devenir la momie ou la caricature de
lui-même. Ce Bois Brésil ne doit donc
pas être visité comme un monument (qu’il est pourtant à certains égards), mais
comme un étage de plus à la Tour de Babel.
1. Luís Aranha, Cocktails (Poèmes choisis) suivi d’une
étude par Mário de Andrade et Sérgio Milliet, Poèmes modernistes et autres écrits. Anthologie 1921-1932, pour
tous deux : choix, traduction, présentation et notes par Antoine Chareyre,
Toulon, Librairie La Nerthe, 2010 (voir le compte rendu de Pierre Rivas dans le
n°984 d’Europe).
Haroldo de Campos, Une poétique de la
radicalité (Essai sur la poésie d’Oswald de Andrade), traduit et révisé par
Antoine Chareyre, Dijon, Les Presses du Réel, 2010.
2. http://www.ciph.org/fichiers_papiers/Papiers60.pdf
« La
poésie d’Oswald de Andrade », par Françoise
Han
Les Lettres françaises, n°78, 8
janvier 2011, p. X.
Voici la première version française
intégrale d’un ouvrage dont l’édition en langue originale a été publiée à Paris
en 1924. Cette singularité s’explique par la fabuleuse histoire des échanges
Paris São Paulo et retour, contée par Antoine Chareyre dans sa présentation de Bois Brésil et du Manifeste d’Oswald de Andrade. Au lecteur qui a coutume
de laisser de côté les préfaces, nous conseillons de lire celle-ci, sans
laquelle le poème et le manifeste ne révèlent pas tout leur sens. Pour qui veut
en savoir plus, les notes détaillées en fin d’ouvrage sont enrichissantes.
Dans les années 1920, le Brésil s’industrialise,
tandis qu’une génération de jeunes écrivains prend conscience de son retard culturel.
L’année 1922 — un siècle après la fin de la colonisation portugaise — est
marquée par le boom du café, la création du Parti communiste brésilien et aussi
la Semaine d’art moderne de São Paulo. Ne pas se contenter d’imiter les
avant-gardes européennes, les dépasser tout en réhabilitant le passé amérindien
et le parler populaire, tel s’annonce le modernisme. Oswald de Andrade en est
un représentant significatif et très actif. À vingt-trois ans, en décembre
1922, il entreprend le voyage vers l’Europe avec sa compagne Tarsila, peintre,
et un ami écrivain, Paulo Prado. À Paris, ils rencontrent à la librairie
Adrienne Monnier toute l’avant-garde artistique, musicienne, littéraire, et se
lient particulièrement avec Biaise Cendrars. Un échange fécond s’établit, la
communauté brésilienne regroupée autour d’Andrade fait découvrir le Brésil à
Paris.
Le riche Paulo Prado invite au Brésil un
Cendrars enchanté de fuir les « ismes » de la capitale française. L’écrivain
mûri n’attend plus de ses voyages des révélations. Il est pourtant émerveillé.
Les modernistes l’accueillent de façon vibrante, en ambassadeur de l’avant-garde,
tandis que le pays et ses habitants sont pour lui une fontaine de jouvence. Son
œuvre de romancier en portera l’empreinte. En poésie, les Feuilles de route dédiées à
ses amis (il les énumère) de Rio-de-Janeiro, São Paulo, Rio Grande do Sul et
les Sud-Américaines en témoignent.
À son retour en France, il a l’idée d’une
collection de jeunes auteurs brésiliens. Andrade arrive à Paris avec le
manuscrit en cours de Bois Brésil.
Le bois couleur de braise, dont le pays a gardé le nom, a été l’objet
d’une exportation intensive au XVIe siècle, sa sève rouge-orange
étant appréciée des teinturiers européens. Andrade entendait faire de « la
poésie Bois Brésil » une
matière d’exportation culturelle. Le manuscrit est remis à l’éditeur Au sans
pareil en 1925, préfacé par Paulo Prado, enluminé par Tarsila, qui détourne en
couverture le drapeau brésilien. En fait, c’est une édition à compte d’auteur
et hors commerce. À l’époque, les Brésiliens se faisaient souvent publier en Europe,
en raison de la faiblesse des structures éditoriales dans leur pays. L’ouvrage
est dédié à Blaise Cendrars. Cette dédicace ne figurera plus dans la réédition
de 1945. De ses amitiés brésiliennes, Cendrars ne gardera jusqu’au bout que celle
de Paulo Prado. Même lors de son enthousiasme, il y avait un malentendu entre
lui et les modernistes. Quand, pour l’exposition parisienne de Tarsila en 1926,
il envoyait à Andrade une série de poèmes en lui écrivant « Fais-en d’autres et signe-les de mon nom si
ceux-ci ne conviennent pas », sous la fraternelle confiance,
doit-on voir que Cendrars faisait du Bois
Brésil, ou qu’il pensait que Andrade copiait du Cendrars ?
Paulo Prado définit la poésie Bois Brésil comme la tentative attendue
« de rénover les moyens d’expression
et les sources d’inspiration du sentiment poétique brésilien, enfoui depuis plus
d’un siècle sous le poids livresque des idées d’importation ». Bois
Brésil cumule Brésil historique et Brésil actuel, digérant toutes
les cultures, dans le processus que Andrade va promouvoir sous le nom d’anthropophagie.
Cela va jusqu’à inclure des citations du XVIe siècle, en portugais
et en français, tandis que plus loin sera célébrée la région industrielle de São
Marti-nho. À la suite est repris le Manifeste
de la poésie Bois Brésil qui prône « la réaction contre toutes les indigestions
d’érudition ». Si l’ouvrage n’a pas atteint ses
objectifs d’exportation, son rôle dans la culture brésilienne est indéniable.
Exemplaire du modernisme commençant, il a marqué une seconde génération
poétique, dite des années 1930, qui allait se heurter à la dictature Vargas. L’engagement
social et politique à gauche de Oswald de Andrade montre alors ce que la poésie
Bois Brésil contenait en puissance.
Compte rendu par Franck Adani
Études, Revue de culture contemporaine, n°414/3, mars 2011,
p. 410.
C’est
de Paris, dans les années vingt, qu’Oswald de Andrade (1890-1954) conçoit le
projet de poésie Bois Brésil, développé dans le recueil et le manifeste
du même nom. Il est alors, aux côtés de Mário de Andrade, un des fondateurs —
et le prophète et le trublion — du Modernisme brésilien, mouvement qui vise à
doter le pays d’une identité culturelle et artistique, à lui donner une place
pleine et entière dans le concert poétique des nations. Ce qu’Oswald de
Andrade, de son propre aveu, rapporte de la France, c’est le Brésil, mais un Brésil
réinventé, tropicalisé, affranchi de la tutelle de toutes les rhétoriques
d’importation. L’idée est simple et géniale : inverser le rapport entre le
centre et la périphérie, assimiler voire dépasser les avant-gardes européennes,
accoucher d’une authentique poésie brésilienne, qui de plus est envisagée comme
une poésie d’exportation, à l’image du bois-brésil, cet arbre à la sève couleur
de braise, qui fut la première richesse exportée de la colonie. Cela passe par
une transcription poétique des textes relatant la découverte et la colonisation
du Brésil, par la relecture de l’histoire officielle, par le détournement des
clichés nationaux, par le pastiche et la recréation parodique de tous les
discours ambiants. La forme et le fond sont, comme dans toute vraie révolution
poétique, en parfaite adéquation. Les poèmes brefs, elliptiques, quasi
épigrammatiques, mêlent prosaïsmes, parler populaire, flashes et fragments de
discours publicitaires, en une esthétique du collage évoquant Cendrars ou
l’Apollinaire de Zone ; et font voir, au-delà de tout exotisme, ce
que c’est que « voir avec des yeux
libres ».
Compte
rendu, par Jean-Pascal Dubost
CCP (Cahier critique de poésie), n°22, 2011,
p. 198.
Oswald
de Andrade (1890-1954) est une figure phare de la modernité brésilienne, celle
qui précèdera et annoncera le concrétisme des frères de Campos et de Pignatari,
et ce livre en rassemble, poèmes et manifeste (« manifeste de la poésie
bois brésil »), les fondements et principes.
Le
« bois-brésil » est un bois qui contient un colorant rouge qui fut
utilisé en teinture par les Portugais et un produit d’exportation au XVIe siècle ; et
qui donna son nom au pays. La grande intention d’Andrade fut, à l’exemple dudit
bois, de créer une poésie nationale ayant assimilé les modernités européennes
(cubisme, dadaïsme, futurisme…) ainsi que le compagnonnage de Blaise
Cendrars(dont l’influence fut nette), les ayant adaptés aux spécificités
brésiliennes, et notamment en phase avec le peuple brésilien, la grande
intention d’Andrade fut de créer une poésie nationale d’exportation. Une poésie
profondément ancrée dans le territoire, mais qui en puise toutes les sources,
les mêlant les unes aux autres, expérimentalement, « fondée sur notre ambiance géographique, historique et sociale ».
Une poésie qui, au contraire du lyrisme brésilien qu’Andrade fustigeait (1)
(auquel il reprochait de ne produire qu’un langage de salon, hermétique au
peuple), et sans pour autant rechercher un nivellement par le bas, une poésie
qui fût d’attaque, entreprenante, dévoreuse, une poésie qu’Andrade qualifiera
ensuite comme anthropophagique (2).
« Seulement Brésiliens de notre époque. Le
nécessaire de chimie, de mécanique, d’économie et de balistique. Tout bien
digéré. […] Barbares, crédules, pittoresques et affables. Lecteurs de journaux.
Bois Brésil. La forêt et l’école. Le Musée National. La cuisine, le minerai et
la danse. La végétation. Bois Brésil. »
Une
modernité qui, semble-t-il, quoique fondatrice, aura été mieux exportée, cependant,
par les héritiers concrétistes.
1.
On lira avec grand profit l’étude qu’Haroldo de Campos consacra à Oswald de
Andrade sous le titre de Une poétique de
la radicalité, Essai sur la poésie d’Oswald de Andrade, traduit aux Presses
du Réel en 2010.
2.
On lira avec autant de bénéfice intellectuel l’impressionnante préface du
traducteur, ses abondantes notes ainsi que sa bibliographie très précise.
Compte
rendu par Jacques Crickillon
Lectures, La revue des bibliothèques, n°169,
janvier-février 2011, p. 89.
Le
brésilien Oswald de Andrade fut, dans la première moitié du XXe siècle,
à São Paulo, le très actif et radical propagandiste (sans beaucoup de succès)
du modernisme en poésie. Plusieurs longs séjours en Europe, et surtout à Paris,
l’avaient fortement marqué, ce qui lui fut l’occasion de côtoyer Jules Romains,
Valery Larbaud, Cocteau, Morand, Satie, et en particulier Blaise Cendrars. Le
présent ouvrage rassemble des poèmes et des déclarations-manifestes. Pour
Oswald, la poésie doit bannir l’idée et le lyrisme au profit de la réalité
quotidienne moderne, avec ses mouvements populaires, ses modes, ses objets
usuels. C’est dire que la traduction de ses poèmes ne risque pas de bercer les
âmes sensibles. Le livre est doté d’un appareil critique d’une extraordinaire
(et exagérée ?) ampleur.
Compte rendu par Cristina
Duarte-Simões
Caravelle, Cahiers du monde hispanique et luso-brésilien, n°95, décembre 2010, p. 247-250.
A
« Semana de Arte Moderna » que ocorreu no Teatro Municipal de São
Paulo, de 11 a 18 fevereiro de 1922, apresentou novidades musicais, artísticas
e literárias e foi tomada como marco inicial do Modernismo brasileiro.
Organizada por iniciativa do escritor Graça Aranha — da Academia Brasileira de
Letras — dela participaram nomes famosos da intelectualidade paulistana tais
como os pintores Anita Malfatti e Emiliano di Cavalcanti, o escultor Victor
Brecheret, o compositor Heitor Vila-Lobos ou ainda os escritores Mário de
Andrade, Oswald de Andrade e Menotti del Picchia. Essas manifestações na
capital paulista foram o ponto de convergência de várias tendências novas que
vinham emergindo em São Paulo e no Rio de Janeiro, desde o final da Primeira
Guerra Mundial.
Alguns
dos participantes prolongaram essas idéias vanguardistas com a criação de
revistas ou o lançamento de manifestos. Desses últimos, o Manifesto da Poesia Pau Brasil, lançado por Oswald de Andrade em
1924 — e publicado em Paris em 1925, acrescido de numerosos poemas do autor —,
foi sem dúvida alguma um dos mais representativos desse período de grandes
reivindicações artísticas e literárias. Antoine Chareyre, professor de Letras,
propõe, com o presente livro Bois Brésil
a primeira edição crítica francesa dessa obra brasileira determinante, que ele
mesmo traduziu e enriqueceu com inúmeras notas.
José
Oswald de Sousa Andrade nasceu numa família paulistana abastada e pôde então,
desde muito cedo, viajar pela Europa e frequentar em Paris uma certa boemia
impregnada de futurismo, o que fez dele um dos preparadores e ativos
participantes do Modernismo brasileiro. Segundo o historiador Paulo Prado, que
prefaciou a edição original de Pau-Brasil,
foi na capital francesa — « umbigo
do mundo » — que o poeta paulista « descobriu, deslumbrado, a sua própia terra ». Por outro lado,
o projeto de Oswald de Andrade em Pau-Brasil
era não somente pintar de forma lírica a moderna nação brasileira desses anos
20, como também seu passado pré-colonial e colonial, numa tomada de posição
primitivista. E o mesmo Paulo Prado resume : « A mais bela inspiração e a mais fecunda encontra a poesia “pau-brasil”
na afirmação desse nacionalismo que deve romper os laços que nos amarram desde
o nascimento à velha Europa, decadente e esgotada. » Essa proposta
estética e ideológica preconizava um estilo fortemente sintético e sem
artifícios, totalmente despojado, dando ênfase somente à força das palavras empregadas.
Com efeito, para o autor do Manifesto,
um dos elementos que freavam o reconhecimento de um falar tipicamente
brasileiro era justamente a língua portuguesa tal qual escrita e falada na
antiga metrópole. Um dos aspectos mais significativos do Modernismo brasileiro
será « a reabilitação do nosso falar
quotidiano […] que o pedantismo dos gramáticos tem querido eliminar da língua
escrita », conclui o famoso prefaciador.
Oswald
de Andrade dedicou essa sua obra a Blaise Cendrars, amigo que conhecera em
Paris em 1923, e com quem fizera uma longa viagem através do Brasil. Antoine
Chareyre resume de maneira interessante essa dedicatória significativa —
« A Blaise Cendrars por ocasião da
descoberta do Brasil » —, lembrando que ela homenageia não somente a
revelação do Brasil para o amigo europeu, como também a redescoberta do seu
próprio país por Oswald de Andrade.
Composto
de preceitos e poemas, Bois Brésil
expõe primeiramente certas idéias estéticas e ideológicas do autor do Manifesto da Poesia Pau Brasil, aqui
reunidas sob o título de « Falação ». São conceitos reivindicativos
daquele momento de luta literária acirrada, como por exemplo : « A língua sem arcaísmos. Sem erudição.
Natural e neológica. A contribuição milionária de todos os erros. »
Numa
segunda parte, composta de poesia propriamente dita, o autor reúne inúmeros
poemas sob o título geral de « História do Brasil », versos que se
referem a vários aspectos da realidade brasileira dos tempos coloniais, bem
como dos tempos modernos. Em « Pero Vaz de Caminha », por exemplo,
põe em versos trechos da famosa Carta ao
Rei Dom Manuel, escrita por esse escrivão da esquadra de Pedro Álvares
Cabral no momento do descobrimento do Brasil, documento que é considerado como
a certidão de nascimento do país. E, aliás, o autor modernista faz questão de
conservar a ortografia seiscentista do original :
« Seguimos nosso caminho por este mar de longo
Até a oitava da Paschoa
Topamos aves
E houvemos vista de
terra »
Da
mesma forma, os primeiros cronistas do século XVI aparecem na obra, com suas
palavras também transformadas em versos. É o caso de Frei Vicente do Salvador —
padre franciscano autor da primeira História do Brasil (« Cultivam-se palmares de cocos grandes/ Principalmente
à vista do mar ») ; do português Pêro Magalhães Gândavo — um dos
mais antigos observadores da nova terra (« Porque a mesma terra het al/ E tam favorável aos que a vam buscar/ Que
a todos agazalha e convida ») ; bem como do francês Claude
d’Abbeville, que participou da tentativa frustrada de colonização francesa na
então província do Maranhão, no século XVII (« Cette coustume de marcher nud/ Est merveilleusement difforme e
deshonnest/ N’estant peut estre si dangereuse/ Ni si attrayante »).
Após
essa primeira parte poética ligada aos primórdios da colonização, Oswald de
Andrade propõe ao leitor uma grande viagem através do Brasil, itinerário que
parte de São Paulo, toma o vale do rio Paraíba, chega até a capital Rio de
Janeiro, passa pelas cidades históricas do estado de Minas Gerais, pela Bahia,
por Recife e arredores, e volta ao porto de Santos, no mesmo estado paulista.
Desse longo passeio em versos podemos citar : « São João del Rei/ A fachada do Carmo/ A igreja branca de São Francisco » ;
ou então : « Tua orla Bahia/ No
benefício destas águas profundas/ É o mato encrespado do Brasil » ;
ou ainda a « Desenvoltura/ Atração sinuosa/
Da terra pernambucana ».
Além
do percurso geográfico e histórico desse encontro com outras regiões do país,
Oswald de Andrade mostra-se bastante sensível aos aspectos modernos da
civilização brasileira, e não deixa de salientar a máquina, a velocidade e o
progresso, elementos que o Modernismo brasileiro não cansou de louvar :
« Arranha-céus
Fordes
Viadutos
Um cheiro de café
No silêncio emoldurado »
(poema
« Atelier »)
ou
então :
« Sente-se diante da vitrola
E esqueça-se das
vicissitudes da vida […] »
(poema
« Múscia de manivela »)
A
última parte do livro propõe o Manifesto
da Poesia Pau Brasil propriamente ditto, pré-publicado no jornal brasileiro
Correio da Manhã, em 18 de março de
1924. Nele, Oswald de Andrade lança frases curtas e cortantes com as principais
idéias que defende : « Nenhuma
fórmula para a contemporânea expressão do mundo. Ver com olhos livres »,
bem como reforça a inevitável crítica aos poetas que se preocupavam
exageradamente com a forma : « Só
não se inventou uma máquina de fazer versos — havia o poeta parnasiano. »
Agitador
e panfletário, Oswald de Andrade foi um dos intelectuais mais ativos da Semana
de Arte Moderna, tendo, entre outras revoltas, eliminado a pontuação e
deslocado a fronteira frágil entre prosa e poesia. Aliás, o poeta não hesitará,
um pouco mais tarde, a levar ao extremo todas as idéias contidas no Manifesto da Poesia Pau Brasil, dando origem
ao polêmico Movimento Antropófago que preconizava de maneira provocante, a
importância exclusiva do que era tipicamente brasileiro e a
« deglutição » crítica de tudo o que vinha do exterior, ou
seja : devorar o inimigo para assimilar suas virtudes. Esse principio, inspirado nos rituais das tribos antropófagas que viviam
no vasto território brasileiro no século do Descubrimento, foi resumido por Oswald
de Andrade na famosa frase : « Tupi
or not tupi, that is the question. »
Por outro lado, no seu longo prefácio,
Antoine Chareyre desenvolve com pertinência as relações ambíguas que Blaise
Cendrars entreteve com os modernistas brasileiros e, mais particularmente, com
Oswald de Andrade. Os
inovadores de São Paulo são definidos pelo escritor francês como jovens engraçados,
que o faziam rir, talentosos, provocadores, mas que exageravam. E, sobretudo,
que praticavam um modernismo de museu com o qual era impossível de conviver.
« Meus amigos eram insuportáveis »,
insistiu o francês, acrescentando que apesar de desprezarem Paris e outros
grandes centros culturais europeus, os modernistas copiavam como macacos a
poesia lá produzida. Com efeito, constata-se amargamente que Cendrars não se
revela nem mesmo condescendente com os paulistanos que, no entanto, o
convidaram e receberam no Brasil com todas as honras, fazendo-o conhecer vastas
e longínquas regiões do país, elevando-o ao papel de cúmplice principal da
famosa viagem da « descoberta » do território brasileiro. Inspirando-me
nas primeiras palavras da introdução de Antoine Chareyre, que salienta a
« indiferença do século »
em relação à poesia Bois Brésil que
Oswald de Andrade queria exportar — poderíamos, finalmente, sentenciar :
Vejam só a indiferença do autor francês…
Com
o presente livro Bois Brésil, a obra
de Oswald de Andrade ganha maior visibilidade na França, contribuindo assim
para corrigir uma certa injustiça. Com efeito, o modernista brasileiro foi até
agora pouco traduzido no país que viveu, admirou e « devorou », tendo
sido sem dúvida alguma, o mais francês dos autores modernistas brasileiros.
Indispensável é o longo prefácio de Antoine Chareyre, que situa de maneira
clara e viva o ambiente da época — tanto no Brasil como na França — bem como a
trajetória ímpar desse poeta e agitador excepcional.
« Oswald
e a presença do Brasil lá fora », par Mônica
Cristina Corrêa
Valor Econômico, 8-10 juillet 2011, supplément « Fim de semana », p. 24.
Na 9a Festa Literária
Internacional de Paraty (Flip), que vai até domingo, três painéis são promovidos
pela Câmara Brasileira do Livro (CBL) com o intuito de atualizar um
debate : a repercussão da literatura brasileira no exterior. Esses temas e
discussões parecem estar na ordem do dia, uma vez que o escritor homenageado
nesta edição da Flip, o consagrado Oswald de Andrade (1890-1954), foi até
recentemente uma lacuna nas traduções na França, por exemplo, país que editou
pela primeira vez, em 1924, Pau Brasil.
Considerando-se que na « brasilidade” de Oswald estava também o projeto de
fazer descobrir o país no exterior, trata-se de um fenômeno editorial
surpreendente e irônico.
Uma elite cultural brasileira, nos
anos 1920, circulava em Paris e Oswald, em companhia da pintora Tarsila do
Amaral, figurava entre os artistas. A descoberta desse seleto grupo pelo também
poeta franco-suíço Blaise Cendrars viabilizou certo reconhecimento, à época, do
trabalho dos vanguardistas brasileiros. É a Cendrars, aliás, que Oswald
dedicaria a primeira edição de Pau Brasil.
O projeto de transcender fronteiras para mostrar um Brasil menos exótico e com
traços próprios encontra-se na poesia oswaldiana, à qual não faltava ousadia.
No entanto, a publicação de sua
obra primeiramente na França e a ausência de uma tradução completa de Pau Brasil (só havia até então poemas em
antologias) acabaram por constituir um episódio à parte na história das
relações literárias franco-brasileiras.
De fato, foi necessário esperar a
iniciativa de um jovem doutorando francês, Antoine Chareyre, que chegou a
Oswald de Andrade por meio de Cendrars, objeto de seus estudos. Tal descoberta
o levou a publicar, pela primeira vez na França, a tradução de Pau Brasil (Éditions de la Différence) no
ano passado. Com amplo prefácio, Chareyre propicia ao leitor francês a compreensão
de um poeta brasileiro maior, mas que considera de um vanguardismo universal. « Deixando de lado a imagem do Brasil, a obra
merece ser recebida como um legado a ser avaliado como patrimônio poético
universal, dialogando com outras vozes da poesia moderna. Seria uma redução falar
só de sua brasilidade, embora esta fosse plenamente assumida e promovida pelo
autor », disse o tradutor em entrevista ao Valor , em Paris.
Fruto de um trabalho de mais de
dois anos de pesquisa e de uma viagem de Chareyre ao Brasil, Bois Brésil é uma edição bilíngue bem
cuidada. As notas finais também ajudam na compreensão de um contexto já
distante quase um século. A visão é a de um estudioso de literatura especialista
em vanguardas. Se preencheu uma lacuna inexplicável da tradução de literatura
brasileira na França, sua interpretação da obra vai além, conforme afirma :
« A questão é saber se Oswald é para
nós um brasileiro que escreveu poesia ou um poeta que foi brasileiro ».
A resposta dependerá, decerto, das (re)leituras que seu trabalho propõe, ao mesmo
tempo que força uma reflexão oportuna sobre a recepção da literatura nacional
além-mar.
« França relança Pau Brasil, de Oswald de Andrade »
Site de Pessoa, Revista de literatura lusófona,
novembre 2010.
Obra ícone do modernismo
brasileiro foi publicado pela primeira vez em Paris, há 85 anos.
Publicado
originalmente em 1925, com ilustrações da pintora Tarsila do Amaral, pela editora Sans Pareil, na capital francesa, o livro é lançado agora
em uma edição crítica, com a chancela da Éditions de la Différence.
Traduzido
por Antoine Chareyre, esta nova edição inclui um longo prefácio sobre obra e o
contexto em que está inserida. Inclui também várias informações sobre as
relações culturais franco-brasileiras no início do século passado. Em entrevista à Pessoa,
o tradutor afirmou que esse trabalho de contextualização é essencial para a compreensão
da obra.
« A poesia de Oswald de Andrade se apresenta como uma poesia muito
simples, ingênua, sem complexidade semântica, sem erudição », mas ao
mesmo tempo « é extremamente sintética,
elíptica ao nível lingüístico, proporcionando um jogo riquíssimo de referências ».
Ao traduzir,
acrescenta, « tem todo um contexto
virtual para reconstruir, seja no lado histórico, cultural, intertextual, e até
autobiográfico ».
Pau Brasil é um manifesto contra o mimetismo cultural brasileiro e de defesa do
resgate da língua portuguesa como é falada no Brasil.
Inspirado
pelo modernismo francês, Oswald de Andrade defendeu a criação de uma poesia primitivista
e a aceitação e valorização da cultura brasileira. Propunha uma renovação
radical na linguagem e na forma, marcando a ruptura definitiva com a arte
tradicional e, sobretudo, importada da Europa.
A
editora Éditions de la Différence
foi fundada pelo português Joaquim Vital, recém falecido. O selo tem
desenvolvido importantes ações de divulgação da literatura lusófona, tendo
publicado traduções de autores como Fernão Mendes Pinto, Eça de Queiroz,
Fernando Pessoa ou Mário de Sá-Carneiro.
Mas
há ainda muito trabalho pela frente. Segundo Antoine Chareyre « na França, a obra de Oswald ainda está para se
descobrir e ser avaliada como parte essencial da modernidade ocidental. Portanto, tudo está para fazer de novo, no quadro
editorial. »
Para preencher este espaço
Chareyre tem várias outras traduções de autores brasileiros na manga, como Luís
Aranha, Sérgio Milliet, Carlos Drummond de Andrade, Ronald de Carvalho, Paulo
Prado ou Antônio de Alcântara Machado. Em 2011 sairão também dois volumes da
autoria de Mário de Andrade. « Tem
trabalho para anos » afirmou
o especialista em modernismo brasileiro.
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