17 octobre 2018

#elenão - Autour d'un drapeau (2)


Note:
Ici, dans le mouchoir de poche de Bois Brésil & Cie, tout commence et tout se pense à partir de la mythique et géniale couverture réalisée par Tarsila do Amaral pour le recueil Pau Brasil (1925) d’Oswald de Andrade (voyez la tapisserie du blog) : un habile détournement de la bannière nationale brésilienne, geste minimal et d’autant plus efficace, par simplification du graphisme officiel et escamotage de la devise positiviste empruntée, « Ordem e progresso » (ordre et progrès), au profit d’une autre plus authentique, « Pau-brasil » (le bois brésil, première matière d’exportation brésilienne), primitiviste, nationaliste certes mais en un sens résolument ouvert, en phase et en dialogue avec la modernité, la diversité et l’universel.
Près d’un siècle plus tard, l’idéal d’un Brésil conquérant, progressiste et heureux, tel que le prônait le couple poético-artistique « Tarsiwald », peut sembler contredit, irrémédiablement compromis par le succès fulgurant d’une sinistre figure politique qui n’est qu’un nouvel avatar (mutatis mutandis) de l’intégralisme, éphémère mouvement simili-fasciste préparé, dans le champ culturel, par le courant verde-amarelo (vert-jaune, les couleurs du drapeau brésilien) que l’anthropophagie oswaldienne avait su dévorer d’une mémorable bouchée.
Impossible de sy tromper : il est question, aujourd’hui comme hier, dans tous les aspects de la vie, de cette lutte entre un Brésil « d’exportation », expansif, émancipé, en avant, vivant, et un Brésil « d’importation », centripète, colonisé, rétrograde, mort.
Et voilà donc que le drapeau, par sa force iconique, à travers ses usages, ses détournements ludiques (geste symbolique) ou tragiques (geste politique), résume à lui seul cette lutte historique. Aujourd’hui Tarsila se doit d’être expressément politique et militante.

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