Modernisme brésilien
et histoire de l’art :
une mise en perspective
La revue scientifique et semestrielle de l’Institut National d’Histoire de l’Art, Perspective, la revue de l’INHA (Actualités de la recherche en histoire de l’art), consacre l’intégralité de son dernier numéro (2013-2) au Brésil : « L’histoire de l’art qui se forge au Brésil embrasse une variété d’objets exigeant des approches ambitieuses et expérimentales. Débattant avec les conventions historiographiques, elle se révèle ici connectée aux mondes anciens, nouveaux, parallèles et à venir puisqu’elle réinvente les catégories fécondes de l’art, des artefacts, de l’archéologie, du modernisme, du patrimoine, du baroque, du musée… »
Parmi les
différentes approches et thématiques proposées, on lira en
particulier l’article d’Ana Paula Cavalcanti Simioni
(docteur en sociologie et enseignante-chercheuse à l’Instituto de
Estudos Brasileiros de l’Universidade de São Paulo, IEB-USP), « Le
modernisme brésilien, entre consécration et contestation »
(p.325-342, traduit du portugais par Carlos Spilak ; texte
intégral disponible en ligne à partir de juin 2015 sur
revues.org).
L’art moderniste brésilien, « à la fois objet de dévotion et de rejet », « se présente comme un fait culturel d’une importance sans pareille pour le domaine artistique brésilien ». L’auteur analyse ainsi « le processus social qui a élaboré cette consécration », selon trois phases caractéristiques : « l’émergence de l’histoire de l’art moderne au Brésil », contemporaine du mouvement lui-même (1920-1940) ; « l’institutionnalisation de la valeur des œuvres et des artistes », portée, dans les années 1960 et 1970, par le milieu universitaire, les acquisitions officielles et les stratégies du marché de l’art ; enfin, depuis les années 1970, un « révisionnisme critique des limites formelles, politiques et historiques de ce mouvement ».
L’art moderniste brésilien, « à la fois objet de dévotion et de rejet », « se présente comme un fait culturel d’une importance sans pareille pour le domaine artistique brésilien ». L’auteur analyse ainsi « le processus social qui a élaboré cette consécration », selon trois phases caractéristiques : « l’émergence de l’histoire de l’art moderne au Brésil », contemporaine du mouvement lui-même (1920-1940) ; « l’institutionnalisation de la valeur des œuvres et des artistes », portée, dans les années 1960 et 1970, par le milieu universitaire, les acquisitions officielles et les stratégies du marché de l’art ; enfin, depuis les années 1970, un « révisionnisme critique des limites formelles, politiques et historiques de ce mouvement ».
Un abrégé d’histoire de la production et de la réception de l’art
moderniste qui devrait donc permettre au lecteur français
d’interroger notamment la place acquise par Tarsila do Amaral,
depuis son activité pionnière jusqu’à sa fétichisation nationale — tandis
que l’on peut enfin voir sa fameuse Cuca dans le nouvel
accrochage du Centre Pompidou, parmi d’autres toiles des artistes
de la même génération.
En matière littéraire, souvent, il ne faut pas s’attendre à trouver chez les historiens de l’art des vues très sûres ni des informations de première main*, mais les analyses proposées par l’auteur seront utilement appliquées, dans leurs grandes lignes, au destin de la littérature moderniste elle-même, alors que les récentes célébrations du centenaire de la Semaine d’Art Moderne de 1922 ont été par exemple l’occasion, pour un Nelson Ascher, de s’en prendre vigoureusement, et peut-être non sans raison, au canon établi en la matière (le nativisme de Mário de Andrade et d’Oswald de Andrade…), au gré d’une histoire littéraire nationale faite elle aussi d’institutionnalisation et de révisions critiques…
En matière littéraire, souvent, il ne faut pas s’attendre à trouver chez les historiens de l’art des vues très sûres ni des informations de première main*, mais les analyses proposées par l’auteur seront utilement appliquées, dans leurs grandes lignes, au destin de la littérature moderniste elle-même, alors que les récentes célébrations du centenaire de la Semaine d’Art Moderne de 1922 ont été par exemple l’occasion, pour un Nelson Ascher, de s’en prendre vigoureusement, et peut-être non sans raison, au canon établi en la matière (le nativisme de Mário de Andrade et d’Oswald de Andrade…), au gré d’une histoire littéraire nationale faite elle aussi d’institutionnalisation et de révisions critiques…
Perspective,
la revue de l’INHA, 2013-2 (décembre),
« Le Brésil », 422p., 25€
Référence et renseignements :
http://perspective.revues.org/
* Je lis, horresco referens, cette mention p.328 : « le roman de Mário de Andrade Pauliceia desvairada »
(Il s’agit, bien sûr, d’un recueil de POÉSIE, et de la meilleure ! Si un universitaire brésilien peut sembler l’ignorer— ce qui en dit long sur le très incomplet processus d’institutionnalisation de la poésie moderniste, justement... —, on s’assure du moins que le lecteur français puisse bientôt en juger texte en main.)
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